Dans un futur qu'on devine proche, un docteur en psychologie est envoyé sur une station spatiale en orbite de la planète Solaris pour étudier le comportement des cosmonautes, qui procure des inquiétudes à la communauté scientifique soviétique. Son rapport d'expertise décidera ou non, s'il y a lieu de continuer les recherches sur cette planète.
Le film est construit en deux parties.
La première a lieu sur terre, et nous narre les évènements étranges qui ont eu lieu sur Solaris. Cette longue introduction nous invite aussi à entrer en relation avec le docteur Kris Kelvin, sa famille, l'endroit ou il demeure, mais aussi sa mélancolie. La deuxième partie se déroule dans le vaisseau, et nous amène, peu à peu, dans une histoire métaphysique.
Ici, l'un des talents de Tarkovski est de parvenir à cramponner le spectateur au personnage du docteur. Voir à plusieurs reprises Kris Kelvin évoluer dans un pyjama brodé avec ses initiales, pourrait prêter à sourire. Mais cette tenue vestimentaire ajoute un surcroît d'intimité vis à vis du docteur. De même, tout comme Kris, nous sommes emportés dans un tourbillon de questionnements, à l'image de l'océan cérébral de Solaris. Qu'est ce qui est réel? Quelle est la part du rêve? Nos souvenirs forts peuvent-ils se matérialiser? Avons-nous dans notre subconscient des pouvoirs liés à l'immortalité?
Tout comme Kris Kelvin, on est sans cesse en proie au doute, mais on vit aussi des moments de bonheur intenses. Et que faut-il penser de cette planète? Peut-elle apporter des bienfaits inouïs à l'humanité, ou à contrario, présente-t-elle un véritable danger?
L'interprétation est impeccable, la lente trame scénaristique est exigeante mais très cohérente et indispensable.
Et tout comme dans le "2001" de Kubrick, le dernier plan est magistral, et nous envoie vers d'autres questionnements.
D'ailleurs, beaucoup de critiques affirment que "Solaris" est une réponse à "2001". C'est vrai. Mais j'ajouterai le qualificatif de "complémentaire".
Alors que le Kubrick traite de l'évolution de l'humanité de ses origines à son devenir, le Tarkovski va s'intéresser au voyage intérieur.
Les deux mises en scènes sont époustouflantes. L'une plus épique, l'autre plus naturaliste.
Un exemple technique est à comparer pour s'amuser à trouver des différences et similitudes entre les deux films. Ce sont deux plans de coupe plastique.
Dans "2001", c'est le plus célèbre de l'histoire du cinéma. Cet os envoyé dans les airs par notre lointain ancêtre, qui sur le plan suivant devient la station orbitale, balayant ainsi des millions d'années d'évolution. Il apparait après l'introduction.
Dans "Solaris", c'est cette petite plante posée contre un hublot de la station orbitale, qui devient ces algues flottant dans l'étang mortifié de la propriété paternelle, et qui semble indiquer un retour sur terre. Il apparait dans l'épilogue.
Mais ce qui unit le plus sûrement ces deux films, c'est que ce sont deux chefs-d'œuvre.