Aux antipodes de ses illustres prédécesseurs "Scorcésien" , "Coppolien", et consort qui filmaient la mafia, ses héros et ses petites mains avec une certaine grandiloquence, « Gomorra » inverse les codes en jouant la carte du réalisme et de l’immersion, directement dans une quartier napolitain gangrené, où le fric tourne beaucoup, mais jamais le luxe. Réalisation complètement maîtrisée, parfois proche du documentaire, « Gomorra » reste une fiction, avec une multiplicité de personnages, auxquels M.Garrone prend le temps de décrire et de faire évoluer. On a parfois du mal à les suivre au début, cela donne une impression de longueur, mais le puzzle qui contient beaucoup de pièces, donne au final une oeuvre dense et poignante. Jamais misérabiliste et complaisant, « Gomorra » avance doucement, salement, densément. Anti-spectaculaire et très efficace, vise le Milieu en plein cible.