Sorti en catimini en 2008 (moins de 4 millions de dollars de recettes internationales !), « The Midnight Meat Train » est pourtant un film d’horreur loin d’être inintéressant. Et surtout, avec un gros nom sur l’affiche.
Je ne parle pas de Bradley Cooper, dont la carrière n’avait pas encore décollé. Mais de Clive Barker, le film étant adapté de l’une de ses nouvelles ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le film fait tous les efforts pour faire du pied à l’univers de l’auteur barré.
On y suit Leon, un photographe végétarien (!) qui explore la ville à la recherche de son « cœur », à savoir des clichés glauques sur la violence et les décadences urbaines. Un jour, il se rend compte que Mahogany, un boucher sinistre, serait un serial killer brutal, assassinant systématiquement les quelques passagers du dernier métro...
Je vais être honnête : âmes sensibles s’abstenir ! Le film est une véritable boucherie, faisant la part belle au gore, aux exécutions grand-guignol, et aux corps scarifiés et mutilés. Le tout sans second degré, avec une touche de surnaturel, et un vrai fond. Pas de doute, on est bien chez Clive Barker.
Les amateurs de « Hellraiser » (dont je fais partie) seront sans doute conquis. A noter que j’ai vu la version uncut de 1h43, il semblerait que la version cinéma de 1h38 soit (un peu) moins sanglante.
Mais boucherie maîtrisée. Ryuhei Kitamura sait poser une ambiance et exploiter ses environnements. Le réalisateur joue sur l’éclairage et la colorimétrie (photographie jaunâtre et néons pour des scènes en surface, grisâtre pour le métro). Il emploie beaucoup de trucages à l’ancienne, combinés à du numérique. Et s’amuse à balader sans caméra autour des rames de métro, ou des victimes de meurtres (avec même à l’occasion quelques plans à la première personne). Tout en jouant régulièrement sur les reflets (miroirs, rétroviseurs, mais aussi flaque de sang…).
Bref, c’est parfois excessif mais plutôt bien ficelé, et cela permet de bien rentrer dans le film. La dégaine bien inquiétante de Vinnie Jones renforçant l’aspect sinistre.
Je voulais parler aussi du fond. A travers son protagoniste de photographe urbain ambitieux, « The Midnight Meat Train » aborde plusieurs thématiques. La question de l’art documentaire d’abord, que le film décrit comme empreint de voyeurisme. Leon, végétarien qui se nourrit du malheur et de la misère, est-il si différent du tueur qui s’attaque à la chair ? Et puis des questions plus philosophiques sur la manière dont une cité se construit… que je ne développerai pas afin de ne rien divulgâcher.
Du bon cinéma de genre.