Film phénomène.
Si l'on excepte l'hégémonie de la série des Avengers, "Black Panther" s'offre le scalp inattendu de détrôner l'ensemble des aventures solo des autres personnages. Une sacrée performance pour un héros pourtant préalablement méconnu tapis dans l'ombre du mouvement anti-ségrégationniste des années 60 portant la même dénomination, et dont il s'est directement inspiré.
Désormais, les choses ont changé en tapant Black Panther sur un moteur de recherche, c'est l'oeuvre de Ryan Coogler qui apparaîtra en premier à la rétine des internautes, faut-il s'en réjouir ou non ? la est un tout autre débat.
Par contre, ce qui nous intéresse c'est de savoir si tout ce battage médiatique qu'il a engendré est à la hauteur de son rendu qualitatif ?
Tout d'abord le constat que l'on peut en faire c'est qu'il est un mélange des genre, un film hybride et anachronique brassant les contradictions pour en faire un pêle-mêle assez déroutant.
Le Wakanda en est le parangon même. Cette civilisation tribale et ancestrale aux rituels divins et aux allures de pays du tiers-monde, quasi insignifiante aux yeux du monde regorge en son sain un trésor inégalable : le Vibranium. Une matière première qui servira aux avancées technologiques de la nation en avance dans ce domaine sur le reste du monde.
Le contraste est encore plus saisissant lorsque
Michael B. Jordan (la muse du réalisateur, il a joué dans l'ensemble de ses longs-métrages ) se la joue Gangsta avec une seule idée en tête, s'emparer du trône pour 'servir' son peuple opprimé et déclencher une insurrection ethnique planétaire.
Le problème c'est qu'à trop vouloir empiler les différents registres, le film en devient "What The Fuck" est trop déroutant pour nous laisser emporter par sa prétendue originalité.
Si le succès a autant été au rendez-vous c'est autant pour sa diversité culturelle que pour son message politique et féministe.
4ème film le plus lucratif de l'histoire aux USA et au Canada, c'est au regard des éléments cités tout sauf une surprise.
Les Etats-Unis et le Canada dénombrant une population noire importante sur l'ensemble de leur territoire, qui plus est le film est sorti en plein marasme des violences policière à leur encontre, la sortie donc d'un tel film mettant en lumière le continent Africain en érigeant certain d'entre eux en héros rends donc son succès compréhensible.
Les femmes elles aussi n'ont pas été oublié par la société de production, protectrices du royaume, guerrières chevronnées, elles sont l'âme du Wakanda et qui de mieux pour incarner cette transgression aux normes que Danai Gurira dans le rôle phare des combattantes. Badass au possible dans The Walking Dead elle brille de milles feux une nouvelle fois dans un rôle sur-mesure pour elle, d'ailleurs les trois actrices principales sont géniales et sont la grosse satisfaction de ce film reléguant la performance terne de Chadwick Boseman et Michael B.Jordan loin derrière.
Mais la plus grosse déception de ce film est à mettre à l'actif d'Andy Serkis, plus que le film en lui même, c'était avant tout pour lui que je souhaitais le regarder. Époustouflant dans son rôle de César et de Gollum, on ne peut pas en dire autant autant de sa performance dans cette fiction. Il en fait des caisses, il surjoue au possible au point de dénaturer son jeu d'acteur pourtant phénoménal quand il habite un rôle. Attention à ne pas devenir sa propre caricature à force de camper des rôles en motion capture.
Les SFX aussi passent parfois proches de la correctionnelle, si l'ensemble du rendu esthétique du film est correct, c'est dans certaines scènes d'action que le film pèche.
Le fendillement du toit de la voiture des antagonistes par notre panthère noire est immonde visuellement.
Rembobinage ... Quelques secondes auparavant T'Challa nous a gratifié d'un levage de voiture sur deux roues suivit d'un saut sur le capot désagréable à l'oeil. Le photo réalisme voulu des Rhinocéros n'est également pas convaincant, tout comme l'affrontement final opposant les deux cousins qui ne convainc ni par ses effets numériques ni par ce que l'on était en droit d'attendre du climax d'un film.
Il y a un an j'avais été sans demi-mesure lui adressant un cinglant 1,5, je revois ma copie légèrement à la hausse, mais c'est une vraie déception pour un film qui, sur le papier, avait de quoi nous offrir un spectacle plus démentiel.