Ah, les adaptations de jeux vidéo au cinéma, si certaines ont pu être de bonnes surprises ("Doom", "Mortal Kombat", "Postal", "Prince of Persia", "Hitman", "Dead Rising : Watchtower") voire excellentes ("Silent Hill") ; il faut bien avouer que la plupart du temps on a pleuré de tristesse devant un résultat médiocre voire carrément honteux (les 3 "Bloodrayne", "Double Dragon", "Dead or Alive", "Super Mario Bros", "Mortal Kombat Annihilation", "Far Cry", "Tomb Raider 1&2", "The House of the Dead", "Max Payne", "Alone in the Dark 1&2", les "Resident Evil", "Street Fighter"...). Je ne suis pas spécialement un gros fan des jeux Warcraft mais je les connais assez bien (les joies de la collocation pendant les études ! ^^), suffisamment pour attiser ma curiosité et voir comment ils ont pu retranscrire cela sur grand écran. Même s'il nous avait agréablement surpris avec ses bons "Moon" et "Source Code", le pauvre Duncan Jones avait de quoi être terrifié de se voir confier l'illustration du monde crée par Blizzard et ce, malgré un budget plus que conséquent. Et il faut bien avouer que le monsieur a su parfaitement garder sauf son ambition sans céder aux énormes pressions cumulées d'une superproduction, d'une impressionnante machine marketing (Blizzard) et de l'attente des fans : car oui, "Warcraft, le Commencement" est une belle réussite. Commençons tout d'abord par le respect de l'univers : tout est fait pour que les joueurs de Warcraft se sentent à l’aise, qu'il s'agisse de la reproduction quasi à l'identique de la cité de Stormwind/Hurlevent, de la taverne de la fierté du Lion, des forges et des nains d'Ironforge, de la présence d'un murloc, du sort « sheep » lancé sur un garde, des costumes et armures bluffantes de crédibilité...tous ces nombreux clins d’œil sont le fait d'un fan service totalement assumé mais surtout brillamment transposé à l'écran. Autre réussite qui contribue justement au respect de l'univers : le visuel du film. Les effets spéciaux sont absolument saisissants : les paysages et les villes sont grandioses, les orcs sont hyper convaincants, les sortilèges lancés sont de toute beauté, le bestiaire est tout aussi impressionnant (loups et griffons sont superbes !)...contrairement à ce que j'avais pu lire avant de voir le film (« Atroce pâté numérique écrit par des enfants en descente de carambar » : faut vraiment avoir de la "humhum" dans les yeux pour pourvoir aussi écrire un truc pareil...et pourquoi pas dire que Beethoven était incapable d'aligner deux notes de musique tant qu'on y est !!), la qualité du film n'est pas honteuse bien au contraire et elle contribue même grandement à l'immersion totale du spectateur dans Azeroth. Par contre, il est clair que niveau scénario ce n'est pas trop folichon : bien moins complexe que celui du " Seigneur des Anneaux" et cumulant pratiquement tous les clichés d'un film médiéval (guerre entre deux royaumes, complots, mystification de l'honneur, révolte face au chef maléfique, amour interdit entre adversaires, trahison inattendue...) ; faut-il pour autant le fustiger ? Et bien non : c'est basique mais ça marche, alors pourquoi bouder ? C'est comme si on reprochait à un film sur la seconde guerre mondiale de nous montrer des combats entre soldats et des villes se faire bombarder ! Quand aux personnages, eux aussi sont en généralité basiques mais finalement ce n'est pas un point faible, au contraire : on s'attend automatiquement à certains comportements. Ainsi le héros Lothar est un guerrier aguerri qui inspire confiance tout en étant drôle (finalement, Travis Fimmel reprend son rôle de Ragnar Lothbrok dans la série Vikings en version médiévale-fantastique : que demander de mieux ?!) ; le jeune Khadgar est l'achétype du disciple curieux et fougueux qui s’illustre par ses pouvoirs et sa bravoure (Toby Kebbell est sympathique et parvient à rendre son personnage très intéressant : j'ai hâte de voir comment ce dernier va évoluer par la suite !) ; Garona est à la fois une guerrière féroce et une femme mystérieuse dont la loyauté envers son peuple n'est pas totalement aveugle face aux propositions de « l'opposition » mais qui va devoir contre vents et marées accepter son destin ; le Gardien Medivh (impeccable Ben Foster) est un personnage très intéressant qui inspire autant le respect que la crainte et qui illustre parfaitement le tiraillement intérieur d'une personne puissante qui peut être tentée ; Gul’dan est un parfait méchant typique qui est près à toute les bassesses (y compris « malmener » ses propres hommes) pour parvenir à ses fins. Il y en a pour tous les goûts et c'est plaisant, mais la véritable réussite du métrage est de ne pas avoir sombré dans le cliché des « méchants et stupides orcs » contre les « gentils et rusés humains ». Je rajouterais un petit mot sur la bande son : très bon boulot de la part de Ramin Djawadi (en même temps, le monsieur s'occupe déjà de la musique de la série "Game Of Thrones" !) qui reprend joliment des thèmes déjà connus par les joueurs comme celui de la cité de Stormwind mais qui impose aussi un score original assez classieux et carrément épique lors des batailles ! Voilà, passer de l'univers d'un jeu vidéo à celui du cinéma est un exercice extrêmement périlleux que Duncan Jones a réussi avec brio : malgré les quelques libertés scénaristiques prises, les familiers de l’univers de Warcraft apprécieront le respect du matériau d’origine ; quand aux autres, ils passeront bon moment sans s'ennuyer dans un univers certes différent de celui du "Seigneur des Anneaux" mais non moins séduisant. Quand je pense que je n'attendais rien de ce "Warcraft, le Commencement" et que maintenant je meurs d'envie de voir la suite...allez, avec moi, debout et le poing sur le cœur : « POUR AZEROTH !!!! »