Dans la vallée d’Elah, 2007, de Paul Haggis, avec Tommy Lee Jones, Charlize Theron et Susan Sarandon. On a toujours un faible bienveillant pour ces films militants, courageux, nécessaires qui ont le culot jubilatoire de donner à l’Amérique des Bush, des leçons de morale, même si, c’est le cas ici, ils sont imparfaits. Des longueurs en effet, des pistes un peu gratuites aussi, et une faiblesse de casting (Charlize Théron, mais on sait que la comédienne fait partie du trio d’acteurs hautement militant à Hollywood) pour une œuvre à message très fort : la guerre (ici, celle d’Irak, mais on est invité à élargir le débat), outre qu’elle envoie au casse pipe, de braves garçons, mal préparés, peut aussi les transformer en véritables monstres, manière pour eux de lutter contre la peur et les horreurs inévitablement rencontrées. C’est le prix exorbitant payé pour exporter la démocratie selon Bush Jr. L’armée, éternelle grande muette, se fait complice de cette perte de repères, de valeurs morales, d’éthique, de liens sociaux, en ne défendant pour toute rigueur, que les lits au carré, les armoires bien rangées, les cheveux bien courts. Au travers du visage absolument bouleversant de Tommy Lee Jones, officier de carrière à la retraite, de son regard, de ses rides d’expressions, le spectateur va découvrir, tout doucement, comme une lente et douloureuse infiltration ce qu’il est advenu de son fils, jeune soldat de retour d’Irak en permission, porté déserteur. En parallèle, la transcription des vidéos du portable du garçon, enregistrées en Irak vont dévoiler au vieil homme d’atroces vérités : que sont devenues, chez son fils, toutes les valeurs que le père lui a transmises ? La démonstration, assénée avec force, grâce à un scénario ciselé, de la mise en cause d’une éthique basée sur l’idéologie militaire et un patriotisme aveugle vaut autant à l’échelle individuelle qu’à celle de la Nation, donnant ainsi au propos une véritable hauteur.