Ce magnifique film sera à la guerre d'Irak ce que "The deer hunter" a été à celle du VietNam. Voyant le malheureux père faire monter des couleurs dérisoires, comment ne pas penser à la petite communauté -Meryl Streep, De Niro....- resserrée autour de son invalide et entonnant "God bless America". Cette même volonté de vouloir croire, envers et contre tout, qu'on a agi pour la patrie et que celle çi ne disant et ne faisant que le bien, on a donc forcément fait ce qu'il fallait. Mais, dans le film de Cimino il y a cette dernière séquence, De Niro épargnant le daim. Ici, rien d'analogue. Ce malheureux père, cette pathétique vieille baderne n'a rien compris à ce qui est arrivé à son fils. Ce fils a délibérément écrasé un enfant, un petit irakien, certes, mais les ordres étaient "on ne s'arrête jamais". Et il faut obéir aux ordres.
La vieille baderne, c'est Tommy Lee Jones. Le plus grand acteur du monde actuellement? Peut être bien. (Bon, avec Eastwood, Sean Penn, d'accord....) Rappelez vous quand on l'a découvert. Un second rôle, dans "Le fugitif", derrière Harrison Ford. Et, dès que Jones apparaissait à l'écran: pulvérisé, le pauvre Ford. Atomisé, annihilé. Il n'existait plus. Rarement vit-on un acteur - un a priori second rôle-phagocyter à ce point l'écran... Susan Sarandon est déchirante et Charlize Theron, très bien. Voilà une actrice qui a eu l'intelligence de faire oublier son physique plutôt charmant, qui n'a pas hésité à s'enlaidir et elle peut maintenant assumer des rôles forts, comme celui de cette fliquesse. Car oui, et ça doit déplaire aux intellos, l'histoire est tramée dans un thriller: le père cherche, d'abord pourquoi son fils a disparu, et ensuite qui l'a tué, avec le flair d'un sergent de la MP.
Ce n'est pas vraiement un film sur la façon dont une guerre atroce détruit mentalement ses soldats. Cest plutôt le film de ceux qui croient connaître la vérite et le bien et sont incapables de se remettre en cause.