L’interventionnisme américain prend très cher sur grand écran en ce moment. Après “Le Royaume”, celui-ci devrait vaciller de nouveau sous les coups de boutoirs que lui assène, pour sa seconde réalisation, Paul Haggis, cinéaste décidément préoccupé par les événements contemporains. Car, 2 ans après s’être penché, via “Collision”, sur la situation interraciale post-11 septembre au pays de l’Oncle Sam, c’est une autre conséquence des attentats, le conflit irakien, qu’aborde “Dans la vallée d’Elah”, titre qui évoque la Bible, et renvoie au récit mettant aux prises David et Goliath. Ce faisant, Haggis établit un parallèle entre le jeune envoyé combattre le géant mythique, et ceux enrôlés pour maintenir la paix dans l’ex-dictature du Moyen-Orient. Mais contrairement aux “Rois du désert” ou “Jarhead”, qui privilégiaient la dénonciation frontale, sur les lieux-mêmes de l’action, le scénariste de “Million Dollar Baby” (mais aussi de “Casino Royale”) laisse, à quelques exceptions près, sa caméra sur le sol américain, pour mieux s’attacher à un autre sujet : les marques indélébiles laissées par la guerre sur ceux qui y ont participé. Un traumatisme souvent tu, mais dont va être témoin Hank (Tommy Lee Jones), au fur et à mesure que le récit progresse, et que le long métrage maintient le bon équilibre entre thriller, film politique (sans jamais chausser de gros sabots) et drame, où l’ émotion naît principalement de la performance de Tommy Lee Jones. Capable de nous bouleverser d’un simple regard, dans la peau de ce père près à tout pour connaître la vérité, il domine de bout en bout “Dans la vallée d’Elah” qui, sans chatouiller le chef-d’œuvre, faute d’une intrigue pas assez resserrée en son milieu, reste un excellent film, aussi dur que poignant.