Il faut une première fois à tout et pour Tanya Wexler, il s’agit de saisir les bonnes vibrations et avec une certaine hystérie. C’est dans ce même couloir de l’ironie que le succès lui rend visite, malgré la sortie de « A Dangerous Method » de David Cronenberg, le même mois. Mais malgré un thème commun, Wexler préfère le vertige de la comédie britannique afin de mieux vendre son projet à un public curieux. Pourtant, il n’est pas réellement question d’un appareil à en ravir les utilisatrices qui importe, car il ne s’agit que d’un outil vers une fable plus sociétale. L’Angleterre Victorienne est blindée de références, tout support confondu, et la culture nous rappelle sans cesse ce décalage de mœurs générant ainsi la comédie légère, attendue et bienvenue.
La névrose clinique de l’hystérie a pris un sens plus commun de nos jours, mais en le ramenant à un contexte clé, il serait aisé de comprendre comment la bêtises des hommes les noyait dans leurs principes. Le docteur Robert Dalrymple (Jonathan Pryce) en est justement l’exemple, avec une couverture sociale privilégiée. L’homme de science, le père des pères, le toit d’une fresque patriarchal, de nombreux titres s’organisent autour de lui afin de mieux servir une opposante de taille qui n’est autre que sa fille Charlotte (Maggie Gyllenhaal). Jamais elle ne faiblit, jamais elle ne doute de sa caricature que la société impose injustement. Elle est féministe et s’émancipe d’elle-même, malgré des voix plus monotones et dont le ton est frontalement moqué et dénoncé. Les discours sont nombreux et cette rengaine est loin de marquer un point final à toute cette histoire, à la fois folle et mineur. Il faudra se laisser tenter par la naïveté et la souplesse du docteur Mortimer (Hugh Dancy) afin d’osciller entre deux camps qui ne se pardonnent rien, qui persiste à bousculer l’autre, en vain, car l’ensemble est trop gentillet.
L’objectif n’est-il plus de satisfaire ? La retenue que l’on perçoit, ou pas justement, renforce un sentiment qui flirte avec les véritables enjeux de l’hystérie. Scénaristiquement, il ne faut pas s’attendre à rester caler après le visionnage, car le peu de réussite et de courtoisie aura rapidement mûri et aura été digéré avec succès. Cependant, il est intéressant de détourner la notion de sexualité afin de rendre justice à la gente féminine. Malheureusement, la plupart des personnages masculins n’auront pas leur mot à dire sur leur appareil génital, chose qu’on leur ampute symboliquement ou que l’on juxtapose à leur manière de plaider. Seul subsiste Mortimer, l’arbitre à la sensibilité rare et au génie thérapeutique, alliant la technologie et un savoir isolé du grand public. Au bout de trois, c’est la bonne et c’est exactement ce qui est promis au héros, en plus d’une idylle pistonnée et revisitée. L’engin de tous les fantasmes naît et les voix des femmes se libèrent de cette autre « hystérie », qui a trop longtemps fécondé le genre opposé.
Ainsi, « Oh My God ! » ou plutôt « Hysteria », si l’on s’accorde à traiter de faits réels, nous donne l’opportunité de se glisser dans une comédie originale et étonnamment savoureuse. On en rit, non pas avec maladresse, mais avec une indiscrétion, propre à notre époque ayant déjà brisé la barrière qui s’effrite lentement dans le récit. L’humour fait souvent mouche, mais la lutte pour l’égalité manque sans doute d’une étincelle pour briller et pour valoriser hommes et femmes qui ont contribué à ce revirement. Loin de l’orgasme, Wexler permet tout de même à un bout de l’histoire de monopoliser l’attention, le temps d’une séance curative, que l’on soit seul(e) ou accompagné(e). Dommage que la force du film ne suffise pas à marquer son empreinte dans le temps. À l’image d’une chronologie des vibromasseurs, remplissant le générique, il faut reconnaître un certain manque de volonté afin de moderniser ou de nuancer cette révolution thérapeutique.