Apres s'être fait connaître comme spécialiste des ados, Pascal Thomas est devenu le Sautet du pauvre, nous narrant les tribulations, surtout côté fesses, de petits bourgeois sans intérêt (ce qui suffit à le distinguer de Sautet...) Voila maintenant qu'il se consacre à une noble tache: adapter Agatha Christie. Bonne idée, car les scénarios de la diabolique lady sont parfaits. Le charme de ces histoires nait du décalage entre l'obscénité d'un corps assassiné [le poison donnant d'ailleurs des cadavres plus présentables que ces maccabs démembrés et éventrés dont raffole le polar moderne] et la dignité de la bonne société dans laquelle ils évoluaient. Oubliez ça: et vous tombez dans la dramatique TV à trois ronds. C'est peu de dire que le personnage interprété par Laura Smet est à mille lieux de l'univers christien. Vous imaginez un gentleman épousant une poissarde mal élevée de cet acabit? Dans le roman, c'est certes une intriguante, une arriviste, mais d'un tout autre style.... De même, ce juge interprété par le charmant Jacques Sereys, qu'on est très heureux de revoir: non, non et non! Un gentleman, même murgé au dernier degré, marche toujours droit: c'est même à cela qu'on le reconnait. Donc, en deux temps trois mouvements Thomas dénature son film.Comme le chien retourne à son vômi, Thomas retourne à ce qu'il sait faire, la vulgarité. Faut-il en vouloir à miss Smet? La pauvre fille, elle fait où on lui dit de faire. Que faire... Melvil Poupaud est un peu léger mais Chiara Mastroiani est divine, Alessandra Martines charmante, Danièle Darrieux disparaît trop vite... L'intrigue est divertissante, donc le film peut se voir un dimanche de pluie en se bouchant les oreilles quand miss Smet apparait sur l'écran....