Décidemment, prions qu'Agatha Christie ne sorte pas de sa tombe. Depuis "Le mystère de la chambre jaune" et "Le parfum de la dame en noir", deux immenses ratages tirés de deux de ses romans, la pauvre voit son oeuvre entière assassinée au cinéma. Dans "L'heure zéro", on ne reconnaît même plus l'intrigue policière tant elle est ridiculisée par un jeu d'acteurs on ne peut plus mauvais, ni la finesse d'écriture et la tension permanente : ici, Pascal Thomas lorgne du côté du téléfilm Cluedo projeté (au mieux) la veille de Noël à 18h, avec une vulgarité et un modernisme totalement à côté de la plaque. Les personnages, entre l'hystérique insupportable et le BCBG pédant tout aussi insupportable sont absolument dénués de charme et de vie à l'écran. Le scénario manque de clarté, l'image est léchée comme une pub de croquettes pour chien, et la mise en scène (ah, la fameuse!) frôle l'amateurisme profond. Que ce soit Danielle Darrieux (elle méritait mieux) dans son dernier rôle ou Laura Smet en folle excentrique dont on donnerait bien une dizaine de baffes pour qu'elle se taise, tout est hystérique, surjoué, horriblement théâtral. Ou alors "L'heure zéro" se présente comme la parodie du roman, auquel cas la réussite est plus que flamboyante, ou alors tout simplement Pascal Thomas est un petit amateur, qui empile tout ce qu'il y a de plus mauvais (les fondus immondes, le montage ridicule, les incohérences scénaristiques, l'esthétique Cluedo). Son film est un naufrage total, une bêtise ambulante, même pas drôle, propre à consterner ou à endormir (suivant si vous êtes dedans ou pas), ponctuée de dialogues affligeants et sur-écrits (de plus sur-dictés). Préférez donc le Cluedo à cette heure zéro largement atteinte.