Pascal Thomas mène depuis des années son petit bonhomme de chemin comme réalisateur capable du meilleur (« Le maris, les femmes, les amants ») ou du très moyen (« Celles qu’on a pas eues »). Mais il possède un ton, un style qui, s’il ne fait pas toujours dans la subtilité, séduit toutefois. Avec « L’heure zéro », il s’attaque pour la seconde fois à une adaptation d’Agatha Christie, après la savoureux « Mon petit doigt m’a dit ». Il nous replonge donc dans l’univers de la prêtresse du roman policier, avec un film cossu des charmes de la vieille Angleterre. Le décor très cosy, les paysages paradisiaques de la côte de Dinard, l’élégance et le flegme des personnages, tout inspire à l’ambiance des « 10 petits nègres ». Inspire seulement car malgré les efforts développés rien ne prend ni ne surprend. Chez Agatha Christie, ce qui compte le plus, c’est la manière d’arriver au dénouement plutôt que s’attarder sur lui-même. Le film prend ce contre-pied. Aucune once de mystère, aucune fausse piste conceptuelle, rien que du brut dans le traitement. C’est à la limite de l’apathie et vieilles ficelles. Même le casting ne peut sauver la pauvreté de l’adaptation, Darrieux y est pourtant savoureuse, Poupaud benêt à souhait, Martines très féline et Morel savoureusement décalé. Mais il faut aussi composer avec Laura Smet dont le physique est à l’image de son talent : ingrat. Son incarnation d’une hystérique devient la référence absolue de ce qu’il faut faire pour détruire définitivement un film. Elle y réussit très bien.