Le fils de l'épicier, c'est le symbole de cette jeunesse plus très jeune finalement. Qui se cherche toujours à vingt-cinq ou trente ans. Incapable de garder un emploi plus de trois mois. Ça vit au jour le jour. Vogue de galère en galère. Se fait dépanner par une amie pour dormir le soir. Il ne s'agit pas de faire de comparaison avec les générations précédentes. Économiquement, c'étaient des époques bien plus favorables...Familialement, c'est pas terrible. Avec son père, ils ne se parlent plus. Avec son frère, on n'en est pas loin. Et avec sa mère, ça va à peu près. C'est pour elle qu'il reprend le camion de l'épicerie ambulante. Il va sillonner cette France profonde, oubliée, loin de tout. Si loin des commerces, des services publics, de la civilisation. Des personnes âgées seules, isolées dans une France comme figée. L'épicier, c'est peut-être la seule personne à qui elles vont parler de la journée. Au début, il ne prendra pas au sérieux la responsabilité que ça implique. Lui ne s'imagine être que l'épicier. Pas de devoir jouer les chauffeurs, postiers ou banquiers. Loin de toute agitation et au contact de ces gens simples, il va s'adoucir. Insuffisant pour être totalement épanoui. Son amie, dont il aimerait bien qu'elle soit un peu plus qu'une amie, se plaît moyennement dans ce coin si reculé et, de toute façon, elle a d'autres projets. Faire la paix avec sa famille, c'est déjà un début. Pour le reste, un emploi stable, un logement, une femme, des enfants, il y a encore tout à construire.