Une nouvelle fois, le cinéma français montre son savoir-faire pour traiter des réalités sociales. Ici, la désertification des campagnes est simplement exposée, sans artifices, sans pathos, comme une évidence qui ne peut être remise en cause. Le rôle de l’épicier ambulant n’est absolument pas exagéré, et lorsqu’une vieille dame lui demande d’aller déposer une prière dans une chapelle reculée parce qu’elle ne fait pas confiance au curé, l’anecdote n’est pas seulement un élément de comédie, c’est aussi une très élégante façon de montrer que dans les villages, il y a encore un besoin humain de communication plus fort qu’ailleurs, et que celle-ci passe de façon très différente selon les lieux : ici l’épicier, plus loin le docteur ou le facteur...
Ce décor étant posé, Eric Guirado ne se contente pas de suivre la lente ré-intégration du jeune homme citadin dans ce monde rural qu’il a connu enfant, et qui de toute évidence, ne le fascine pas. L’histoire est plus subtile que cela, en écartant les points de vue, avec deux personnages qui, tout en paraissant plus schématiques, échappent aussi aux conventions : le frère, resté dans la région mais écoutant de la techno dans sa voiture, l’amie venant de Lyon mais très à l’aise pour jouer à l’épicière de campagne...
Toutes ces nuances font que les personnages sont attachants, crédibles, très humains. Les acteurs sont absolument parfaits, sobres, émouvants, drôles. La mise en scène, plutôt discrète et presque plate au début, prend peu à peu de la hauteur, parvenant à mêler comédie et récit mélancolique.
Sur la fin, le récit peine à conclure, et les événements paraissent un peu forcés, mais l’ensemble se révèle plein de qualités. Ce pourrait être, avec un bouche-à-oreille favorable, une des bonnes surprises de cette rentrée.