Pour la sortie de "The Hateful Eight" dans moins d'une semaine, j'ai décidé de revenir sur le premier long-métrage de Quentin Tarantino : "Reservoir Dogs". Film devenu culte, ce long-métrage tourné en huis clos est une œuvre cinglante et violente. Thriller noir extrêmement bien mis en scène, "Reservoir Dogs" est la première claque de ce réalisateur maintenant adulé.
Totalement jouissif dans la réalisation, les dialogues et l'ironie macabre, ce film nous frappe de plein fouet. Avec une scénario parsemé de flashbacks, Tarantino nous captive avec des dialogues fascinants et des séquences brillantes. Sa mise en scène qui marque pour la première fois le Cinéma, se montre superbe. La chronologie des évènements et la compréhension du spectateur envers l'histoire se fait sans problèmes, le tout parfaitement amené. La méfiance se crée tout le long du déroulement, mettant sur les gardes tant bien les personnages que nous, simples spectateurs voyeuristes. Avec une violence brutale et souvent hors champ, Tarantino a su instaurer une ambiance pesante et anxiogène à travers ces hommes qui se parlent et s'engueulent dans un hangar. Qu'un huis clos de la sorte soit aussi captivant est extrêmement bien venu. Dès son premier long-métrage le cinéaste impose ses références aussi bien scénaristiques et visuelles que sonores. Accusé de plagiat à maintes reprises tout le long de sa carrière (ici pour "City on Fire" et "Les Pirates du Métro"), le grand Quentin réutilise certains plans connus, des allusions ou encore des histoires presque identiques dans différentes œuvres. Parlons donc de référence et non de plagiat total. Son sens de l'écriture est remarquable ; à partir de cette situation assez simpliste qui nous est présentée, il arrive à nous retourner et apporter des retournements très bien pensés. Avec un twist final et une conclusion bien trouvées, l'histoire présente les différentes psychologies de ses protagonistes.
Le casting est sensationnel. Harvey Keitel ("Une Nuit en Enfer"), Tim Roth ("Funny Games U.S."), Michael Madsen ("A Hitman in London"), les regrettés Chris Penn ("Holly") et Edward Bunker ("Mi-temps au mitard"), Steve Buscemi ("Fargo"), et Lawrence Tierney ("Armageddon") ainsi que Q. T. ("Pulp Fiction") lui-même forment cette équipe de gangsters aux répliques ciselées. Certains acteurs découvert grâce à ce film sont maintenant devenus reconnus et seront fidèles au metteur en scène à l'avenir. Tous interprètent leurs rôles avec une prestance implacable, malgré un surjeu de la part de Mr Keitel à quelques moments. Bluffants dans la quasi-totalité du film, ces comédiens font un travail très satisfaisant malgré le faible budget du métrage. En effet, les accessoires seront même apportées par les acteurs. Très drôles lors de situations burlesques et touchants par moments, tous intensifient la dramatisation de l'histoire.
Original et haletant, "Reservoir Dogs" est brillamment réalisé. Fluide et très bien découpée, la réalisation de Quentin Tarantino met en scène cette histoire avec maestria. Certains plans sont magnifiques dans leur composition (pressing du Blu-ray sublime), d'autres symboliques et voyeuristes ; chacune des séquence se montre intéressante dans son langage ou dans son orchestration millimétrée. Virtuose impasse à la mexicaine et bijou d'humour noir, "Reservoir Dogs" est aussi une pépite musicale. Avec des morceaux très Seventies comme "Little Green Bag" ou "Stuck in the Middle with You", l'ambiance retranscrite à l'écran nous met en immersion totale.
Une immersion grandiose à vivre sans plus attendre, et même si personnellement ce n'est pas la meilleure du metteur en scène que j'adore, elle reste l'une de ses plus grandes !