Plusieurs défauts dans ce film, et plusieurs qualités. Antoine Fuqua a donc essayé de modifier la légende du Roi Arthur pour en fournir une interprétation plus terre à terre. La seule chose qu'on pourrait reprocher à cette initiative serait que la légende en elle-même est plus passionnante qu'une hypothétique réalité et du coup, un cruel manque d'intérêt. Et pourtant, l'idée séduit, elle est assez originale car on n'a pas l'habitude de voir l'histoire du Roi Arthur dans un contexte aussi concret. Le problème avec Antoine Fuqua, je trouve, c'est qu'il ne sait pas donner de charisme à ses personnages. Déjà que Clive Owen joue toujours ses rôles avec la même tête impassible, dans Le Roi Arthur il est presque une caricature de lui-même. Sans aucun sourire, il semble constamment énervé et ça n'aide pas son personnage à se faire apprécier, même si, bien sûr, on admire son idée de la justice. Du coup, Arthur est assez charismatique par son calme, sa froideur et son autorité, mais ça ne va guère plus loin que ça. Clive Owen a cependant de très bonnes scènes, plutôt intenses, où il parvient à faire passer des émotions, mais c'est assez rare. Au niveau des personnages, j'ai également trouvé les adaptations de Guenièvre et Merlin assez mauvaises. En soi, ça ne me dérange absolument pas que le film se soit écarté autant de la légende. Mais ici, Merlin est pratiquement vu comme un ennemi au début, tandis que Guenièvre est une combattante picte sans peur ni reproches. S'éloigner de la légende, je veux bien, mais il y avait certainement mieux à faire de ce côté, au moins pour Merlin qui, il me semble, était en droit de mériter un meilleur rôle dans cette histoire. Pour Guenièvre, ce n'est pas totalement raté. Non seulement Keira Knightley parvient à donner quelque chose à son personnage, mais en plus celui-ci est un minimum travaillé, notamment au début du film où elle discute un peu avec Arthur dans la carriole, et par la suite lorsqu'elle fait preuve de courage et de détermination. Pour le reste des Chevaliers de la Table Ronde, certains d'entre eux sont relativement drôles mais je ferai encore le même reproche : ils manquent de charisme. Bors a de la personnalité, Lancelot (Ioan Gruffudd) est certainement le plus travaillé de tous, mais dans l'ensemble on ne leur associe jamais cette idée de prestige lié au mythe qu'on connait. Même si le souci du réalisme était l'intention du réalisateur et qu'on donc affaire ici à des soldats un peu rustres plutôt qu'à de valeureux chevaliers, il manque quand même ce truc qui les rendrait attachants. Des personnages en moyenne assez fades, ce qui réduit l'intérêt et Galahad, Tristan et Gauvain passent presque à la trappe. L'ensemble des Chevaliers apporte néanmoins son lot d'humour. Pour finir avec les personnages, je ne parlerai que peu de Cerdic, joué par le très mauvais Stellan Skarsgard que je n'aime vraiment pas. Dans son rôle de méchant sanguinaire, il peine à impressionner même si son personnage est bien montré comme le gros méchant qui brûle les gentils villageois et tue ses propres soldats. Heureusement, toutes ces faiblesses de casting et de personnages sont parfaitement relevées par les scènes et l'émotion qui dominent le film. D'ailleurs, comme je l'ai dit, j'aime beaucoup Le Roi Arthur malgré ses défauts car finalement, je ne m'ennuie pas devant et je ressens toujours un tas de choses. Pas mal de tristesse, un sentiment constant de déprime chez ces personnages exploités par Rome, qui défendent depuis 15 ans un peuple dont ils ne font pas partie. Enormément de bonnes scènes bénéficiant d'une photographie assez soignée. Mais comment parler de l'émotion de ce film sans citer Hans Zimmer ? Le boulot qu'il a fait pour cette BO est dément. Les musiques sont magnifiques, poignantes et me font toujours autant frissonner. Toute la BO de ce film est une merveille, à commencer par Tell Me Now avec Moya Brennan, ou encore le sublime Woad to Ruin qui traduit toute la dimension épique du film. Mais pour moi la beauté de ce soundtrack reste All of Them!, à la fois belle, déprimante et lyrique. Je pense que les musiques de ce film font (au moins) 60% de l'émotion qui me prend à chaque fois. Elle colle à merveille à l'univers, l'ambiance et, à titre personnel, me procure de multiples frissons. C'est clairement l'une des grandes raisons pour lesquelles j'aime autant ce film, car il est un pur bonheur à regarder (sans oublier les incroyables paysages) mais surtout à écouter. A mon goût l'un des meilleurs résultats de Hans Zimmer pour un film qui s'en tire admirablement bien malgré un pitch de départ aussi risqué.