Projet passionnant sur le papier que ce "Roi Arthur", qui s'annonçait comme une relecture du mythe de Camelot... ou plutôt comme le récit de l'histoire vraie à l'origine de la légende. Une vision inédite donc et surtout une tentative, de la part du génial producteur Jerry Bruckheimer, de ressusciter les films de chevaliers après avoir ressusciter les films de pirates (avec les aventures de Jack Sparrow). sur ce point, "Le Roi Arthur" n'aura pas tenu ses promesses puisqu'il a été un relatif échec au box-office. Et j'avoue ne pas forcément comprendre pourquoi tant le film m'a emballé. Est-ce le parti-pris scénaristique, qui préfère l'Histoire (avec la lutte entre l'Empire Romain et les Pictes autour du Mur d'Hadrien) au conte (point de magie ici), qui aurait dérouté le public ? Personnellement, j'ai adoré l'idée que la légende du Roi Arthur puisse trouver ses origines à travers cet officier romain et j'ai trouvé que les scénaristes avaient parfaitement su intégrer à l'histoire les éléments indissociables du mythe (la Table Ronde, l'épée prisonnier de son rocher, le rôle de Merlin...). Est la mise en scène un peu aseptisée d'Antoine Fuqua ? Certes, on peut reprocher un manque de violence qui sied assez mal aux scènes de batailles (défaut également valable pour "Troie") mais, d'une part, ce défaut a été en partie réglée par la version longue (et plus sanglante) et, d'autre part, le réalisateur compense par un rythme intéressant, un vrai travail sur l'ambiance (avec des tons grisâtres typiquement breton) et une BO extraordinaire signée Hans Zimmer. Ou alors est-ce la faute au casting, dépourvu de stars et composé d'acteurs peu connus lors de la sortie ? Ce serait injuste puisque ce casting s'avère être une incroyable pépinière de talents. En effet, outre Clive Owen en charismatique Roi Arthur, Keira Knightley en guerrière Guenièvre et Ioan Gruffud en séducteur Lancelot, on retrouve Ray Winstone, Mads Mikkelsen, Hugh Dancy, Joel Edgerton, Ray Stevenson ou encore Stephen Dillane. Seul Stellan Skasgard fait un peu le minimum syndical en chef saxon monolithique. Seul véritable défaut que je veux bien reconnaître au film : son caractère un peu trop "tout public", ce qui suppose, outre l'aseptisation générale de la violence, certains passages obligés pas forcément très originaux (l’attachement du colosse Dagonet au gamin, les chevaliers qui fuit la bataille pour mieux revenir, la scène d'amour entre Arthur et Guenièvre...). Pour le reste, il faut croire que le public n'avait pas envie qu'on lui propose une relecture du mythe arthurien car ce "Roi Arthur" avait tout pour réussir, que ce soit des scènes épiques (la traversée du lac gelé, la libération de Guenièvre, la bataille finale...), des dialogues teintés d'humour et des personnages attachants. Comme quoi les recettes de Bruckheimer n'emballent pas systématiquement le box office. Peut-être que le film aurait connu un autre sort aujourd'hui, à l'heure des traitements plus réalistes des Batman et autres Superman...