La Cité des anges n’est pas un mauvais film en soi, mais c’est le genre de mélo assez sirupeux, prévisible, qui comme un bon roman de la collection Harlequin se laisse lire mais en balisant son chemin d’éléments attendus, et dont le lecteur fana, généralement, se délecte.
Ce film résiste avant tout pour son duo d’acteurs. Nicolas Cage est drôle, un peu moins doué dans l’émotion, mais il s’en sort bien grâce à une sobriété à toute épreuve qui permet à son personnage de ne pas sombrer dans le ridicule, chose aisée compte tenu de son statut d’ange moderne ! Face à lui Meg Ryan rappelle qu’elle était une excellente actrice avant de tomber dans une forme de déchéance problématique. Très belle, très juste, elle apporte beaucoup de sympathie à son rôle qui, à bien des égards, porte presque complètement ce métrage. A souligner quand même aussi la présence du truculent Dennis Franz.
Sorti du casting, La Cité des anges peine à convaincre. L’histoire se laisse suivre mais il n’y a pas de moments forts (sauf la fin, malheureusement prévisible), le suspens manque, les émotions restent vraiment assez ternes pour voir ce qui se passe (je ne dirai rien, mais il y a quelques sacrifices importants). Silberling signe un film joli, mais duquel il ne se dégage rien, si ce n’est quelques sentiments transmis par les acteurs, mais certainement pas par la qualité des dialogues, la qualité des situations, et l’originalité dont c’est amené. Beaucoup d’incohérences aussi (les anges qui peuvent se montrer s’ils le veulent !), et des facilités (la nature de Dennis Franz).
Mais, on se surprend à tenir jusqu’au bout, mais je le redis, c’est grâce aux acteurs. Quant à la forme, c’est de la grosse production de luxe américaine, avec application mais peu d’originalité. Séquences jolies au lac Tahoe, photographie raffinée mais qui ne dérange personne, mise en scène vraiment très neutre (le réalisateur est avant tout un faiseur qui a taté un peu à tout sans briller). Cette réalisation pâlichonne (qui n’a pas de défaut technique majeur cependant), est sans doute pour beaucoup aussi dans le manque d’émotions (en témoigne la scène d’ouverture, sans âme). Quant à la bande son, malgré les noms connus, je n’ai pas été transporté.
La Cité des anges n’est cependant pas un ratage. Il n’y a pas de gros loupés en soi, mais ce qui aurait pu être un film prenant aux tripes par la force des sentiments, des émotions, des situations, s’avère un petit film romantico-dramatique trop neutre, qui ne remuera sans doute que les plus sensibles, ou les pré-ado. 2.5