Source: Plog Magazine, les Critiques des Ours
http://lescritiquesdesours.blogspot.fr/2012/03/hunger-games.html
Par définition, quand un film est prévisible, il est ennuyeux. Et c'est le cas de "Hunger Games" qui, durant 2h22, ne fait que décliner les étapes de son scénario cliché et, encore une fois, prévisible de bout en bout (le début est prévisible, le milieu est prévisible, et le prochain film est également prévisible -et je n'ai pas lu les romans).
Les acteurs auraient pu sauver le scénario, hélas! Aucun d'entre eux n'est charismatique, la pauvre Jennifer Lawrence se débat dans la forêt avec les lambeaux d'une pseudo-caractérisation et est entourée de personnages médiocres qui ressemblent à de vulgaires pions (Lenny Kravitz en entraineur sage, Woody Harrelson en ex-champion alcoolique anti-système mais qui en fait quand même partie), uniquement présents pour assurer la continuité de cette bouillie sentimentale pré-digérée (même Donald Sutherland, en président père-Noël, n'a rien à jouer, à dire, à faire, et je ne parle même pas des autres jeunes acteurs, plus misérables les uns que les autres).
Au niveau esthétique, le film est hideux. Les premières minutes provoquent l'indigestion: plans filmés au pied (le vrai pied hein, au bout de la jambe), raccords foireux et moches. Et non, ce n'est pas parce que le cadre bouge qu'on crée une dynamique.
Visuellement parlant, le film est un mélange infect entre "Ultimate Game" (qui avait déjà atteint un sommet d'infamie) et "Battle Royale". La direction artistique est inexistante (mais qu'est ce que c'est que cette barbe ignoble? Pourquoi tout est moche? C'est quoi cet espèce de travelot surmaquillé qui vient parler dans un micro?). Cet univers n'est pas crédible et ne tient pas (car oui, il est facile de croire en un univers de SF... Quand il est cohérent: "Avatar", "Alien", "Star Wars" et même "John Carter").
Car les effets spéciaux sont moches, les costumes sont moches (vomitifs même), les décors sont moches. Même la forêt est moche. L'on est plongés dans un monde de science-fiction qui ne ressemble à rien et n'est doté d'aucune trouvaille visuelle (et où l'on se soigne à coup de crème magique sortie tout droit des caves de Poudlard). Le metteur en scène n'a visiblement pas compris qu'un film n'est pas comme un livre et le principe même de l'adaptation d'un médium à l'autre...
Mais là ou le bât blesse le plus, c'est dans le propos du film (qu'on parvient à dégager difficilement tant il n'est pas assumé). En voulant dénoncer l'abrutissement des masses face aux images violentes et à la télé-réalité qui les manipule, le film s'en fait complice en en étant lui-même la représentation: le film ne contient aucune idée de cinéma! Plusieurs scènes relèvent de la captation télévisuelle (on sent clairement le multi-caméras, car tout les axes sont montrés). Un match de football contient mille fois plus de mise en scène. Quand on veut lutter contre les principes de la téléréalité et du zapping des images, on ne s'y soumets pas: ici, aucun plan ne dure plus de 5 secondes. Le pire, c'est que le spectateur finit par être totalement indifférent à la mort d'une gosse de 6 ans, tant elle est peu empathique et mal amenée.
Qui plus est, le film ose s'élever de manière arrogante (le désespoir sans doute) en évoquant dans les scènes finale la mort de Socrate -un des personnages est soumis au même dispositif: conduit dans une salle, on le force à boire la ciguë -ici, à manger des baies).
Néanmoins, le film contient un moment de grâce: celui à partir duquel il se dote d'un enjeu (pour être plus précis, la scène du salut et de l'émeute qui s'ensuit) pour le faire disparaitre juste après. C'est bien pauvre. Allons lire les livres, ils sont sûrement meilleurs...