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"Dragon Rouge" sur Cinéstore (Bande originale - Roman)
L'éclairage est sombre, rouge sang. Des haut-parleurs disséminés aux quatre coins de la pièce résonne la menaçante bande originale de Dragon Rouge, signée Danny Elfman. Au-dessus de la scène spécialement aménagée pend une immense affiche du film, ténébreuse elle aussi, dominée par un visage dangereux et pourtant si familier.
Puis ils sont arrivés, un par un. Brett Ratner, le réalisateur. Dino De Laurentiis et sa femme Martha, les producteurs. Et bien sûr Ralph Fiennes et Anthony Hopkins, Hannibal lui-même. Tous sont venus à Paris pour présenter les nouvelles aventures sanglantes du terrible docteur Lecter, Dragon Rouge.
Une logique moins sanglante
Nouvelles, ou plutôt anciennes aventures, puisque l'action du film, déjà déroulée sous l'objectif de Michael Mann dans Le Sixième Sens, se situe avant les évènements du Silence des agneaux et d'Hannibal. "Le Sixième sens, Le Silence des agneaux, Hannibal et Dragon Rouge sont quatre films totalement différents", insiste Dino De Laurentiis. "Le Sixième sens était un bon film, mais le public n'a pas suivi car Michael Mann s'était concentré sur l'enquête du FBI, une enquête comme on peut en voir des dizaines à la télévision. Je ne veux juger, décider lequel des quatre films est le meilleur, mais avec Dragon Rouge, nous avons voulu retrouver un thriller psychologique classique, sans trop d'horreur, de sang ou de sursauts faciles"
Une façon détournée de critiquer l'apport de Ridley Scott au mythe Hannibal ? Martha De Laurentiis élude la question et enfonce le clou : "Trop de violence aurait été une faute de goût. Nous voulions que le public se sente impliqué, ressente l'excitation, la peur d'être menacé par Hannibal Lecter". Ce que confirme Anthony Hopkins, qui a insisté auprès de son réalisateur pour mieux montrer le côté furieux et dangereux du célèbre docteur, pour que "le public réalise qu'il n'est pas un gentil voisin, mais un homme dangereux".
"Je ne suis pas Hannibal !"
La coupe de cheveux rebelle, Anthony Hopkins se bat lui aussi. Contre le fantôme de son personnage. "Je ne suis pas Hannibal !", répète-t-il à qui veut l'entendre. "Les journalistes qui m'interrogent paraissent souvent étonnés lorsque je leurs explique que je ne suis pas Hannibal Lecter. Je ne suis qu'un acteur. C'est un métier et je le fais simplement. J'ai une tactique, je sais comment faire peur, mais je ne suis pas Hannibal, même si ce rôle a changé le cours de ma carrière. Je suis vraiment désolé d'avouer aux spectateurs que je mène une existence parfaitement normale"...
Un catalogage également valable pour Ralph Fiennes, torturé coup sur coup dans Dragon Rouge et Spider de David Cronenberg : "Je ne m'assieds pas en essayant de trouver le prochain rôle torturé à interpréter. C'est vrai que je suis intéressé par la complexité des personnages en lutte contre eux-même. Mais je peux également vous montrer des touches émouvantes ou drôles dans chacun de mes rôles. D'ailleurs, j'ai enchaîné avec le tournage d'une comédie romantique en compagnie de Jennifer Lopez à New York (Maid in Manhattan de Wayne Wang)".
Pour Brett Ratner également, Dragon Rouge et les souffrances de son tueur Francis Dolarhyde "ajoute de l'humanité à la dimension du thriller pur. Le public réalise que les monstres ne sont pas nécessairement monstrueux à leur naissance".
Vers un cinquième "Hannibal" ?
Inévitable question, quid d'une nouvelle escapade d'Hannibal le cannibale ? "Pour le moment, nous n'avons aucun projet dans ce sens", répond Dino De Laurentiis. "Mais je dois bien avouer qu'Hannibal est une très bonne franchise, parce que le personnage est charmeur et aussi parce qu'il ne fait finalement que tuer des gens que le public a envie de voir mourir. Je serais fou de croire que les spectateurs n'ont plus envie de voir Hannibal. Je suis sûr que si, mais il faudrait un excellent script. Et l'accord d'Anthony Hopkins". Lequel, diplomate, élude la question.
Alors que les lampes rouge sang s'éteignent, alors qu'Hannibal, pardon, Sir Anthony Hopkins, signe les autographes pour ses fans, l'ombre de son docteur Lecter plane toujours dans la salle. La menace Hannibal n'a peut-être pas fini de faire trembler...
Thomas Colpaert