C'est peu dire que les chaînes TV diffusent, chaque année ou presque, avec une régularité de coucou suisse, l'indéboulonnable Bronzés font du ski, à peu près au moment où les français partent justement dévaler les pistes. On a beau avoir vu, revu, rerevu le film de Patrice Leconte, connaître les répliques par coeur (ou presque), se dire qu'on passe notre tour, rien à faire. Il suffit de tomber dessus en zappant pour se laisser, encore une fois, harponner, et s'offrir à nouveau de bonnes tranches de rigolades.
Parmi les séquences culte justement figure celle de la liqueur de crapaud, lorsque la troupe du Splendid se retrouve dans la ferme de ces deux paysans montagnards qui leur font goûter une petite liqueur à l'échalote maison, "parfumée" avec un crapaud rentré dans la bouteille et relevée avec une pointe de jus d'ail.
Séquence souvenir, ci-dessous... "Alors ça, faut le boire d'un cul sec ! Autrement ca vous brûle la langue !"
Patrice Leconte avait raconté à Première les coulisses de tournage de cette scène : "On a un peu triché : on n’est pas dans un chalet de haute altitude mais dans une espèce de bergerie de village. On l’a choisie parce qu’elle était crade ! [...]" Une séquence pensée d'ailleurs comme un hommage à celle, toute aussi fameuse, des Tontons flingueurs, dans laquelle les personnages sont tous ivres.
Pour le rôle des deux paysans, "Il n’était pas question pour moi de prendre des acteurs amateurs. Il y a toujours le risque d’être à côté de la plaque. Je voulais en revanche des comédiens qui aient un accent et qu’on ne connaisse pas. À l’arrivée, j’ai choisi deux Suisses : le barbu s’appelle Maurice Aufair et celui qui a un bonnet, Jean-Marc Henchoz. Ce dernier est ensuite devenu producteur. Quatre ans après, il montera notamment le dernier film de Robert Bresson, L’Argent".
La séquence fut compliquée à tourner : l'équipe du film a dû s'y reprendre à vingt fois avant de pouvoir mettre en boîte la scène. La faute semble-t-il au chef opérateur Jean-François Robin, qui s'étranglait de rire à chaque fois qu'il cadrait les grimaces de Michel Blanc et Gérard Jugnot.
"La liqueur d’échalote, c’était de l’eau" racontait Leconte. "On avait introduit un crapaud en plastique à l’intérieur de la bouteille en découpant proprement le cul qu’on avait ensuite recollé. Je ne me souviens plus si les acteurs ont vraiment bu ce contenu-là. Les plans de coupe incitent à penser que non…" Le casting buvait en réalité une authentique liqueur, au point d'en avoir la bouche en feu ! Les réactions des comédiens étaient donc authentiques, pour un résultat magique.