Ce 8 septembre, Arte diffuse Portrait de la jeune fille en feu, le très beau film de Céline Sciamma, qui repartira auréolé du Prix du meilleur scénario de l'édition 2019 du Festival de Cannes.
Porté par le duo de comédiennes Adèle Haenel et Noémie Merlant, le film relate l'histoire de Marianne (Merlant), une artiste-peintre du XVIIIe siècle chargée de réaliser le portrait de mariage d'Héloïse (Haenel), une jeune femme qui vient de quitter le couvent. Mais Héloïse résiste à son destin d’épouse en refusant de poser. Introduite auprès d’elle en tant que dame de compagnie, Marianne va devoir la peindre en secret...
C'est à une jeune artiste lilloise du nom d'Hélène Delmaire que l'on doit les dessins et tableaux du film. Formée à Florence entre 2006 et 2009 dans un petit atelier, elle définit ainsi sa démarche artistique :
"Mon travail traite de la fragilité, de la féminité, du rapport de l’homme à la nature et à ce qu’elle lui révèle de lui-même. Si l’humain est présent dans ma peinture, ce n’est pas de manière traditionnelle comme sujet principal de l’image mis en valeur par son environnement. [...]
La fragilité et les éléments typiquement «féminins», les fleurs, les couleurs pastel, sont prépondérants dans mon travail, qui cherche à aller au delà des clichés infantilisants liés à ces notions, en les sublimant, avec intensité, chez des modèles féminins comme masculins, revendiquant cette sensibilité comme une force chez l’être humain dans tout son spectre".
Repérée sur Instagram par Céline Sciamma
Repérée sur Instagram par la réalisatrice Céline Sciamma, la peinture de l’artiste Hélène Delmaire est devenue, le temps d’un film, celle de Marianne, l’héroïne de la cinéaste. "Elle m'a dit : "je cherche une artiste pour un film qui parle de peinture, mais je veux une artiste contemporaine et pas une copiste. Elle m’a envoyé un mail et elle est venue à Lille dans l’atelier […]. Je ne savais pas à quoi m’attendre, je ne connais pas le milieu du cinéma, j’en ai une image un peu cliché. En fait, non. Céline Sciamma est quelqu’un de très humble avec qui on a accroché tout de suite."
Dans un entretien accordé aux Inrocks en septembre 2019, Hélène Delmaire revenait sur son travail préparatoire pour le film : "Avant le tournage, nous sommes allés au musée du Louvre avec Céline, Claire Mathon, la directrice de la photo, et Thomas Grézaud, le chef décorateur. Nous avons trouvé des peintres plutôt de la fin du XVIIIème siècle, avec des identités artistiques assez diverses. J’ai notamment été inspirée par les portraits de Fragonard ou encore par des peintres anglais, comme Joshua Reynolds".
L'intéressée est restée "Quinze jours à trois semaines sur le plateau". Une expérience enrichissante, mais pas facile de prime abord, en raison du rythme de tournage d'un film, qui peut être déstructuré : "Un film ne se tourne pas dans l’ordre chronologique des scènes. Donc un jour le tableau va être terminé, le lendemain, on filme une scène où la peintre commence un détail de ce même tableau. Il fallait par conséquent créer un tableau étape pour chaque séquence, ce qui fait que pour les deux tableaux principaux, j’ai réalisé six ou sept versions" confiait l'artiste au micro de France 3 région en octobre 2019.
Si vous êtes intéressés par les oeuvres de l'artiste, sachez que certaines sont en vente. Vous pouvez les retrouver ici.