Créée par Özgür Yildirim, déjà à l’origine de 4 Blocks, Para - We Are King nous raconte l’histoire de Jazz, Fanta, Hajra et Rasaq, quatre meilleures amies originaires d’un quartier pauvre de Berlin, qui vont tout tenter pour voir leurs rêves se réaliser.
A l’occasion de la diffusion de la série sur WarnerTV, AlloCiné a rencontré le créateur Özgür Yildirim, ainsi que Jeanne Goursaud et Jobel Mokonzi qui campent respectivement Jazz et Fanta.
AlloCiné : Comment vous est venue l’idée de cette série ? Quelle en a été la genèse ?
Özgür Yildirim : Tout a commencé lorsque je tournais une autre série, 4 Blocks, qui a été très populaire en Allemagne. Pendant la troisième ou la quatrième saison, les producteurs m’ont demandé de créer une autre série, dans un esprit similaire, mais avec des personnages féminins.
A l’origine, ce projet devait être un spin off de 4 Blocks, mais nous ne voulions pas encore raconter une histoire de gangsters. Nous avons d’abord créé les personnages qui pouvaient provenir de l’univers de ma série précédente sans que ce soient les protagonistes principaux.
Ce ne fut pas simple de créer une nouvelle série qui ne soit pas une répétition de ce qui a pu être fait auparavant. Ce fut un gros défi. Je voulais aussi que cette série soit plus fun et moins noire que 4 Blocks.
Jeanne et Jobel, vous êtes toutes les deux de jeunes actrices. Comment êtes-vous rentrées dans la peau de vos personnages ?
Jeanne Goursaud : Ce fut assez simple de rentrer dans la peau de Jazz car elle me ressemble un peu. Elle est extravertie comme moi. Ozgur nous a également laissées improviser, ce qui m’a encore plus aidée à trouver le bon ton.
J’ai fait aussi pas mal de recherches pour mieux comprendre d’où venait Jazz, et j’ai par exemple passé beaucoup de temps à observer des jeunes filles qui lui ressemblaient. Et comme c’est une danseuse je me suis sérieusement entraînée en apprenant le pole dance et le hip hop. Il a fallu que mon corps s’adapte au personnage.
J’ai dû aussi apprendre à marcher différemment pour rentrer totalement dans sa peau. Je trouve qu’elle a en effet une démarche presque féline.
Jobel Mokonzi : Le personnage que je joue, Fanta, est une introvertie et moi, dans la vie, je suis plutôt extravertie. Ça n'a donc pas été simple de changer de peau du jour au lendemain. J’ai moi aussi fait des recherches sur les filles vivant dans ces quartiers sensibles de Berlin pour mieux comprendre qui elles sont et quels sont leurs défis.
Est-ce que de mettre en scène des jeunes femmes, quand on est un réalisateur masculin, est un défi supplémentaire?
Özgür Yildirim : Oui et non. Même si je suis un homme, en tant que réalisateur j’ai une méthode qui me permet de me mettre à la place des acteurs que je dirige. Dans le cas de Para, comme elles étaient toutes les quatre des jeunes femmes, je les ai laissées me guider autant que je les ai guidées moi-même.
Si elles me disaient qu’elles voyaient telle scène se passer dans un autre environnement que ce qui était écrit, alors nous faisions le changement. De même pour les dialogues : si elles me disaient qu’elles devraient dire ceci au lieu de cela, je faisais les changements nécessaires.
En leur donnant cette liberté et en leur faisant confiance, j'étais certain d’obtenir un résultat plus authentique et une expression de leurs émotions plus forte. Il faut savoir écouter les acteurs quand on est réalisateur. Cela m’a rendu plus sensible à leurs besoins d’actrices.
Et vous, Jeanne et Jobel, parlez-nous de votre collaboration avec Özgür.
Jeanne Goursaud : Pour lui c’était une série à l’opposé de 4 Blocks qui était une série très machiste. Mais il a été formidable car il nous demandait toujours ce que nous ferions en tant que femmes, ce que nous pourrions dire. Il a toujours été à notre écoute même si c’était lui qui nous guidait au niveau de la mise en scène.
Jobel Mokonzi : J’ai adoré travailler avec Özgür car ce fut une véritable collaboration créative. Nous avons écrit ensemble la plupart des dialogues pour les rendre les plus réalistes possible.
Quels sont les thèmes explorés dans Para - We Are King ?
Özgür Yildirim : Nous explorons le rêve de ces jeunes filles d’un milieu défavorisé qui veulent avoir une vie meilleure. Elles veulent juste, pour une fois, avoir de l’argent et vivre comme les riches. Elles veulent pouvoir s’acheter ce qu’elles ne peuvent pas acheter et faire la fête comme les personnes qu’elles envient.
Elles veulent goûter au luxe. La série explore également le thème de l’amitié entre les femmes et montre comment ces quatre amies finissent par former une vraie famille unie et solide.
Jeanne Goursaud : Pour moi c’est une série sur l’amitié qui peut exister entre des jeunes filles. Au-delà des romances que ces filles peuvent avoir, ce qui compte c’est l’amitié qui les lie. Ces filles, ces amies forment une véritable famille avec des liens très forts. Elles sont prêtes à tout pour se venir en aide mutuellement.
Jobel Mokonzi : Je suis d’accord avec Jeanne, c’est vraiment une série sur l’amitié qui peut exister entre plusieurs jeunes filles. C’est aussi une série qui montre que même si la vie est parfois dure, on peut arriver à s’en sortir avec travail et avec le soutien des autres. Il faut toujours se battre pour ses rêves et l’argent ne fait pas tout.
Est-ce que cette série peut inspirer les jeunes filles d’aujourd’hui à trouver leur voie dans une société encore très patriarcale ?
Özgür Yildirim : Je me suis demandé comment les hommes qui ont aimé 4 Blocks allaient apprécier Para - We are King. Si quelques-uns n’ont pas été conquis, un grand nombre d’entre eux adorent la série.
Ce qui est certain c’est que nous sommes encore dans une société très machiste. Une série comme celle-ci pourra peut-être donner plus de force aux femmes afin qu’elles se battent pour une société plus égalitaire. Je suis vraiment fier de la série.
Jeanne Goursaud : Oui, j’espère que cette série va donner plus de force aux jeunes filles qui la regardent et qu’elle leur donnera la force de rêver et de faire en sorte que leurs rêves deviennent réalité. Jazz, par exemple, est un personnage qui sait ce qu’elle veut et qui connaît ses limites.
J’espère aussi que Para montre que l’amitié entre filles peut exister et qu’il n’y a pas toujours de la jalousie entre elles. Moi-même, j’ai des super copines pour la vie. Entre filles, nous devons nous aider. C’est une série qui traite aussi de la diversité dans la société et montre comment des jeunes filles venants d’horizons différents peuvent avoir une grande complicité.
Est-ce que vous avez une idée du futur de cette série? Pensez-vous déjà à la prochaine saison?
Özgür Yildirim : Ce qui est certain c’est que nous avons beaucoup de possibilités pour continuer à raconter l’histoire de ces filles. Reste maintenant à connaître la réception de Para auprès des téléspectateurs...