De quoi ça parle ?
Un mystérieux pasteur s'installe dans une église d'une ville désolée du Texas. Malgré les soupçons grandissants des villageois – le chef de police local endurci, les frères trafiquants de drogue, et la veuve qui maintient l’église à flot – sa congrégation grandit. Mais combien de temps le pasteur va-t-il pouvoir garder ses secrets ? Basé sur le roman acclamé de Damon Galgut.
The Quarry, mercredi 17 mars à 21h05 sur Canal+ et disponible sur MyCANAL
C’est avec qui ?
Deux figures familières du cinéma et des séries d’auteur partagent l’affiche de ce film : Michael Shannon (Take Shelter, Boardwalk Empire, Les Noces rebelles), dont le visage tourmenté hante les plus belles productions de ces dernières années, et Shea Whigham (Homecoming, Perry Mason, Joker) qui, avec son air rétif, donne une dimension supplémentaire à tous les personnages qu’il compose.
Le premier incarne le chef de police, Moore, un homme rompu au métier mais aussi éreinté par son caractère ingrat. Le second se glisse dans la peau de cet homme mystérieux qui se fait passer pour le pasteur qu’il vient d’assassiner et qui fuit, selon toute vraisemblance, un passé terrible et violent.
Ça vaut le coup d’œil ?
Avec ses magnifiques décors d’un Texas sauvage et son soleil de plomb, The Quarry se range immédiatement du côté de ces thrillers qui distillent leurs secrets au compte-goutte. Personnages taiseux, mines renfrognées, destins brisés… le rêve américain n’existe nulle part dans ces terres oubliées.
Lorsque l’homme mystérieux, incarné par Shea Whigham, tue et prend l’identité du pasteur David Martin, on ne sait pas bien si le film ne va pas prendre un virage presque fantastique. On le découvre pour la première fois, gisant au sol, presque mort. On pourrait le prendre pour une victime et pourtant il a déjà des allures de diable.
Très vite, le film dresse un portrait désolé de l’Amérique d’aujourd’hui et s’ancre dans une réalité désenchantée. Les communautés vivent séparées, dans la défiance les unes des autres.
Des gamins désœuvrés en sont réduits au trafic de drogue pour survivre. Une veuve gère l’église tant bien que mal. Et les habitants semblent tous sombrer dans une quête de foi ou de sens dans cet immense vide qui les entoure.
Curieusement, une forme de vie revient dans cette bourgade oubliée avec l’arrivée du faux David Martin. Malgré sa mauvaise interprétation de l’homme d’église qu’il n’est pas, il parvient à rassembler les foules dans la petite paroisse.
A force de sermons choisis dans la Bible, sur le pardon et la rédemption, qui s’adressent plus à lui-même qu’aux autres, il parvient à susciter une forme d’espoir. Les âmes errantes, ne sachant plus à quel saint se vouer, voient en l’usurpateur un messie.
Une ambiance à la True Detective
Ces atmosphères aussi belles qu’étouffantes sont récurrentes dans ces thrillers qui, derrière une histoire toujours un peu sordide, témoignent d’un délabrement général. C’était flagrant dans la première saison de True Detective. Non seulement, The Quarry s’en inspire mais il pousse encore plus loin le questionnement existentiel qui travaille au corps chacun des personnages.
Dans ce même esprit, la réalisation de Scott Teems se veut revêche, presque hostile. La lumière écrase les protagonistes. Une sorte de fièvre envahit petit à petit l’écran. Le seul pilier sur lequel s’appuie le film est incarné par le chef de police Moore. Dans son interprétation, Michael Shannon décline une autre variation du flic usé mais aguerri, de l’homme meurtri dans sa vie personnelle mais encore debout pour son boulot.
Le scénario s’amuse à jouer avec l’incrédulité qu’il suscite chez le spectateur, mais toujours pour rester au service d’un propos à la fois spirituel, philosophique et poétique. The Quarry est un film à combustion lente, centré sur les drames que vivent ses personnages. Il en ressort une expérience profonde et troublante qui donne à réfléchir sur la condition humaine.
