De quoi ça parle ?
L’histoire vraie du tueur en série britannique des années 80 Dennis Nilsen, connu sous le nom "Des", racontée de trois points de vue différents : le tueur lui-même, l'enquêteur Peter Jay et le biographe Brian Masters...
Disponible sur Starzplay. 3 épisodes vus sur 3.
ça vaut le coup d'oeil ?
Les films et séries racontant la traque de tueurs en séries sont légion et prennent la plupart du temps la forme d'enquêtes où il s'agit d'abord de trouver le "qui ?" avant de s'interroger, plus ou moins longuement, sur le "pourquoi ?". Dans Des, mini-série britannique basée sur une histoire vraie qui a défrayé la chronique il y a 40 ans et que l'on croirait cousine de l'américaine Mindhunter tant dans son ambiance et sa mise en scène que dans son approche, le "qui ?" n'est l'affaire que de quelques secondes. En effet, après avoir trouvé des restes humains au domicile de Dennis Nilsen, la police est face à une situation peu commune : l'homme avoue sans détour et avec un sang froid impeccable qu'il est bien le meurtrier et ne tarde pas à raconter ses crimes par le menu. Dès lors, et pendant trois épisodes intenses, c'est la question du "pourquoi ?", du mobile, du cheminement psychologique de cet homme d'apparence ordinaire et altruiste, qui prend toute la place. Et c'est aussi glauque que passionnant.
Arrêté en 1983 alors qu'il était âgé de 37 ans et mort en prison en 2018, Dennis Nilsen est considéré comme l'un des "grands" serial killers de Grande-Bretagne puisqu'il a tué au moins 12 garçons et jeunes hommes en l'espace de 5 ans et probablement d'autres qui n'ont pas pu être identifiés. Dans le premier épisode, ce sont les meurtres qui sont disséqués, au gré des révélations du tueur, détendu et joueur, incarné avec sobriété et tout le talent qu'on lui connaît par le versatile David Tennant (Broadchurch, Doctor Who, Criminal). Le résultat est glaçant. Ainsi, Nilsen baignait puis habillait ses victimes, les installait dans un fauteuil avant de leur parler, puis les démembrait, les brûlait ou les faisait disparaître par morceaux dans les toilettes. Comme dans Mindhunter, tout passe par les dialogues, les confrontations et jamais par des images violentes. Ce qui ne rend pas le visionnage plus confortable pour autant. Dans le deuxième épisode, le procès de "Des" se prépare puis se déroule dans la troisième et dernière heure jusqu'au verdict.
Outre ses qualités d'écriture, de reconstitution et de jeu, Des parvient à dessiner en creux, à travers ses trois personnages principaux qui doivent collaborer bon gré mal gré, des luttes de pouvoir, des solitudes, une réalité sociale sous l'ère Thatcher absolument désastreuse, une fascination inquiétante des médias pour cette affaire sordide, ainsi qu'une homophobie latente dans la société. On regrette toutefois que toute l'attention soit portée sur ce tueur, ce flic et cet écrivain mais très rarement sur les victimes elles-mêmes et leurs proches. Difficile aussi de ne pas remarquer combien les personnages féminins sont aux abonnés absents. Les limites, sans doute, de ce format de trois épisodes, dense, mais qui force à faire des choix drastiques. Des n'en reste pas moins une oeuvre singulière et réussie.