ÇA PARLE DE QUOI ?
Depuis 20 ans, Finn Wallace est le chef le plus puissant du crime organisé, faisant transiter des milliards de livres chaque année. Lorsqu'il est assassiné, son fils Sean Wallace est tout désigné pour prendre la relève, avec le soutien du clan Dumani. Ce passage de relais a d'importantes répercussions à l'échelle internationale. Entouré de nombreux rivaux, le jeune leader impulsif trouvera-t-il un précieux allié en la personne d'Elliot Finch, lequel porte un intérêt tout particulier à la famille Wallace ? Porté par sa destinée, Sean découvre les rouages internes de la plus grande organisation criminelle de Londres.
C'EST AVEC QUI ?
Après Game of Thrones, où elle incarnait Catelyn Stark, Michelle Fairley se plonge dans une autre histoire de familles rivales. Plus contemporaine mais pas moins violente, avec des scènes qui n'ont rien à envier à la brutalité des Noces Pourpres.
La comédienne est la tête d'affiche du casting pléthorique de Gangs of London, aux côtés d'un second couteau anglo-saxon au visage familier (Colm Meaney, vu dans Les Ailes de l'enfer, Layer Cake ou la série Star Trek - Deep Space Nine), d'une actrice découverte dans l'univers des frères Dardenne (Arta Dobroshi, héroïne du Silence de Lorna) ou de deux valeurs montantes à suivre de très près : Joe Cole, révélé par Une prière avant l'aube et qui confirme, après Peaky Blinders, les espoirs placés en lui dans ce rôle d'héritier de clan ; et Sope Dirisu, aperçu dans l'épisode 1 de la saison 3 de Black Mirror ou dans le récent His House, long métrage horrifique mis en ligne sur Netflix le 30 octobre, et qui campe ici un homme de main particulièrement impressionnant.
ÇA VAUT LE COUP D'OEIL ?
Attention : série coup de poing ! Littéralement, dans certaines scènes de ce Gangs of London, ce qui n'est pas plus étonnant que cela pour une signée Gareth Evans, réalisateur de The Raid et sa suite. Secondé par son chef opérateur Matt Flannery, le réalisateur gallois quitte l'Indonésie pour la Grande-Bretagne et une histoire de bandes rivales dans le milieu du crime organisé au sein de la capitale anglaise, secoué par un meurtre : celui de Finn Wallace, son chef le plus puissant.
Abattu dans des circonstances qui nous sont rapidement dévoilées, il laisse son fils Sean comme successeur tout désigné, mais sa disparition créé un appel d'air dans lequel les autres familles tentent de s'engouffrer afin de bousculer l'ordre établi pendant vingt ans.
Tel est le programme que nous réserve Gangs of London durant ses neuf premiers épisodes, après une scène d'ouverture choc : pendu par les pieds au sommet d'un immeuble en construction (qui aura son importance dans la suite du récit), un homme est brûlé vif. En quelques minutes, le ton est donné, et il sera question d'alliances, de complots et de règlements de comptes.
Mais la série ressemble moins à The Raid et son déluge d'action quasi-ininterrompu qu'à sa suite, qui se voulait plus ample en développant une histoire complexe avec plus ou moins de réussite, selon qu'elle parvenait ou pas à sortir des sentiers battus du genre.
Pour son baptême du feu dans le milieu télévisuel, Gareth Evans frappe fort et nous offre une véritable fresque qui demande toutefois de s'accrocher, puisque le show prend le temps de présenter les différentes familles et nous confronte à un flot de personnages, de fonctions et d'affinités dans lequel on peut se perdre, surtout que certains protagonistes disparaissent pendant un bout de temps avant de revenir sur le devant de la scène.
Que le casting soit emmené par Michelle Fairley est une coïncidence, mais il est difficile de ne pas penser à Game of Thrones avec qui Gangs of London présente quelques similitudes dans sa densité et sa manière de cartographier son univers et ses forces en présence, pour donner un vrai sens à leurs confrontations.
Le tout dans un style plus sec et urbain, qu'illustrent aussi bien sa manière de montrer un Londres éloigné des clichés habituels que dans ses séquences d'action. Et celles-ci constituent indéniablement le clou du spectacle, dès l'intense combat à mains nues et armes blanches qui clôt le pilote et porte la marque de fabrique de Gareth Evans, qui signe également l'épisode 2 et co-réalise le 5 avec Corin Hardy (La Nonne), qui prend le relais au même titre que le Français Xavier Gens, à qui l'on doit les épisodes 6 à 8. Ce qui, sur le papier, pose la question de la cohésion, chaque metteur en scène ayant sa propre patte.
Mais c'est là aussi que réside la grande réussite de Gangs of London : dans sa cohérence globale et la variété dont la série fait preuve lorsqu'il s'agit de ses morceaux de bravoure, capables de nous faire passer du combat du pilote à une fusillade dantesque dans une maison de campagne (avec des passages parmi les plus violents vus sur petit écran cette année), ou à une autre dans une demeure plus exigüe.
A l'image des différentes familles au cœur de l'intrigue, chaque réalisateur a sa spécificité. Mais contrairement aux personnages, aucun d'entre eux ne donne le sentiment de vouloir s'attaquer à quelque chose qui est hors de sa portée.
Et chacune de ses séquences fortes réussit même à nous surprendre, tant par son efficacité que par sa faculté à se démarquer des autres. Dans ces moments, la série confirme son ambition cinématographique et sa volonté d'élargir le cadre du petit écran, qui transparaissent à chaque instant.
De là à dire que Gangs of London fait partie de ces projets que l'on ne destine plus au cinéma, il n'y a qu'un pas que l'on peut franchir et qui nous offre une nouvelle preuve de la répartition des histoires et sujets entre petit et grand écran.
Mais qu'importe le format, la série fait partie des œuvres à ne pas manquer de 2020, alors qu'une saison 2 a d'ores et déjà été commandée, suite au succès rencontré par la première de l'autre côté de la Manche. Une réussite qui doit également beaucoup à la qualité de son casting, dont émergent deux acteurs : Joe Cole, qui confirme après s'être illustré dans le film-choc Une prière avant l'aube puis Peaky Blinders ; et Sope Dirisu, vu récemment dans le drame horrifique His House, qui se présente comme l'une des révélations de l'année. Il ne faudra qu'un épisode pour vous en convaincre. De son talent brut comme de la qualité du show.
En diffusion tous les lundis soirs sur Canal+.