THE GREAT
La série la plus irrévérencieuse de l'année ? Oubliez la mini-série HBO un peu plan-plan sur Catherine II et plongez plutôt dans ses jeunes années, plus rock'n'roll, dans cette version très librement inspirée de l'histoire vraie de cette figure historique unique en son genre. La jeune et idéaliste demoiselle de 16 ans arrive en Russie pour un mariage arrangé avec l'imprévisible Empereur Pierre III. Rêvant d'amour et de douceur de vivre, Catherine II est confrontée dès lors à un monde dangereux, dépravé et barbare. Déterminée à changer les choses, il ne lui reste qu'à tuer son mari, contrer l’église, dérouter les militaires et rallier la Cour à sa cause. Une sacrée aventure, drôle et captivante, résolument féministe, portée par un duo irrésistible : Elle Fanning et Nicholas Hoult.
NORMAL PEOPLE
On ne vous racontera pas plus belle histoire d'amour cette année ! Normal People, adaptée éponyme de Sally Rooney sorti en 2018, raconte la relation compliquée entre Marianne et Connell depuis leurs années lycée dans une petite ville de l'ouest de l'Irlande jusqu'à leurs études universitaires au Trinity College, à Dublin. Intelligent, athlétique et populaire, Connell est troublé par Marianne, une camarade intimidante, solitaire et non moins intelligente. Leurs émois vous feront vibrer, au moins autant que leur beauté, leurs conversations toujours très pertinentes, leur sens du tragique, leur incapacité à être heureux, séparément ou ensemble. Les scènes de sexe sont d'une grande beauté, respectueuses et troublantes de réalisme. Et le deux interprètes, Daisy Edgar-Jones et Paul Mescal, deux révélations qui devraient compter dans les années à venir. Bouleversant et immanquable.
RAMY
Ramy Hassan est un américano-égyptien de la première génération qui s'aventure pour un voyage spirituel dans son quartier du New Jersey... et bien au-delà. Dans la lignée des dramédies de Louis C.K. ou Master of None, Ramy est une oeuvre personnelle et universelle, extrêmement pertinente, sur le dilemme d'un enfant d'immigrés, partagé entre la culture de ses parents, dans laquelle il a toujours baigné et qu'il souhaite honorer, et celle du pays dans lequel il a grandi, où il ne s'est pas toujours senti intégré mais qui lui est chère. C'est attachant, émouvant, décalé parfois et le créateur Ramy Youssef, qui en est aussi producteur et scénariste, se permet un certain nombre de libertés formelles qui rendent la série d'autant plus intéressante.
THE CAPTURE
Dans la lignée du phénomène Bodyguard, la série britannique The Capture est absolument captivante et addictive, grâce à un scénario maîtrisé de bout en bout, truffé de rebondissements, de fausses pistes et de faux semblants, et de surprises aussi. Lorsque Shaun Emery (excellent Callum Turner), un ancien soldat en Afghanistan, sort de prison après avoir été innocenté dans une affaire de meurtre où les images d'une exécution avaient été trafiquées, il se retrouve impliqué dans une nouvelle affaire : on l'accuse d'avoir kidnappé son avocate, vidéos de surveillance à l'appui. La série rentre dans la catégorie des thrillers d'espionnage à forte tendance paranoïaque, qui puise sa force dans les dangers et les peurs du moment : les fake news et les deep fakes à l'heure du terrorisme. Des ingrédients relativement nouveaux en fiction qui lui permettent de se distinguer, de résonner avec l'actualité et déjà de ringardiser Homeland; un divertissement contemporain intelligent. Une saison 2 est en préparation.
HIGHTOWN
Si vous avez envie d'une série policière différente, avec une héroïne elle-même singulière, Hightown ne devrait pas vous décevoir. Portée par une Monica Raymund exceptionnelle, dans le rôle d'une flic accro à l'alcool, à la drogue et aux femmes, la série produite par Jerry Bruckheimer se révèle vite bien moins classique qu'elle n'y paraît et puise son originalité dans l'affaire qu'elle traite, liée la crise des opioïdes (50 000 personnes meurent chaque année aux États-Unis depuis 2015 d’une overdose d’opioïdes, tels que le Percocet, le Vicodin, l'oxycodone, ou encore le fentanyl) dont la fiction s'est encore peu emparée. Une série qui prend son temps et gagne en envergure au fur et à mesure des épisodes.
MR MERCEDES
Les adaptations de Stephen King en séries sont rarement réussies, mais Mr Mercedes fait exception à la règle. En tout cas lors de sa première saison. L'histoire de Bill Hodges, un flic à la retraite, qui est mis au défi par un criminel de reprendre une vieille affaire non résolue qui l'a toujours tracassé : un chauffard au volant d'une Mercedes volée avait causé un massacre, deux ans plus tôt, en tuant délibérément pas moins de 16 personnes. Après une scène d'ouverture violente, la série prend le temps de creuser les portraits de ses personnages, dans un mélange de glauque et d'humour noir qui surprend. La distribution y est pour beaucoup dans la réussite de cette adaptation.
THE ACT
Une stupéfiante et à peine croyable histoire vraie est à la base de The Act, celle de l'assassinat de Dee Dee Blanchard, interprétée par Patricia Arquette, commandité par sa fille Gypsy, incarnée par Joey King. On découvre ainsi, au fil des épisodes, la relation toxique qui les unit, fondée sur un syndrome de Münchhausen par procuration, et le combat quotidien de Gypsy, qui tente par tous les moyens d'y échapper. C'est extrêmement glauque, perturbant, excessif, involontairement drôle parfois, mais vraiment marquant et rendu convaincant grâce à ses interprètes habitées par leurs rôles respectifs.
NOW APOCALYPSE
Now Apocalypse, signée Gregg Araki, fidèle à sa réputation et ses oeuvres cinématographiques, raconte les rencontres romantiques et sexuelles d'une bande de jeunes gens vivant à Los Angeles, sur fond de conspiration extra-terrestre et hallucinations prémonitoires. Du sexe donc, sous toutes les formes, à l'ère des applications, un homme objet attachant incarné par le comédien Beau Mirchoff, nu à toutes les scènes, une actrice qui arrondit ses fins de mois en jouant la camgirl... Bref, une série extrêmement drôle et décomplexée, ultra gay mais pas que, un petit bijou qui n'aura malheureusement duré qu'une saison mais qui se savoure à pleines dents. Et qui va vous émouvoir plus que vous ne l'auriez imaginé au départ !
P-VALLEY
Au fin fond du delta du Mississippi se trouve une oasis de paillettes au milieu de trajectoires humaines violentes où la beauté peut-être difficile à trouver. Chaque épisode retrace l’histoire kaléidoscopique d’un petit club de strip-tease où des personnages hauts en couleur franchissent ses portes, qu’ils soient brisés par la vie, plein d’espoir ou complètement perdus.
A venir prochainement.
PHILHARMONIA
La seule série française disponible sur la plateforme à ce jour fait aussi partie des plus adaucieuses de ces dernières années. Diffusée à l'origine sur France 2, Philharmonia n'est pas une série musicale comme les autres. Avec sa partition proche du sans faute, elle s'impose comme un vrai mélange réussi entre thriller psychologique et soap à la Shonda Rhimes, qui parvient au passage à démocratiser la musique classique, à la rendre envoûtante et accessible à tous, dans des scènes musicales impressionnantes. Un vrai divertissement populaire et exigeant, qui met en avant des actrices formidables (Marie-Sophie Ferdane, Lina El Arabi...) et des personnages de femmes comme on aimerait en voir plus souvent à la télévision française.