Le succès incontestable de la mini-série immanquable Le jeu de la dame sur Netflix repose autant sur la magistrale performance de son actrice principale, Anya Taylor-Joy, dans la peau de la prodige des échecs Beth Harmon dans les années 1960, que sur la fidèle retranscription du monde des échecs. Beaucoup de spectateurs, néophytes, amateurs ou pros de ce jeu de plateau, ont loué la captivante mise en scène des parties d’échecs dont les acteurs ont appris les rudiments avec l’aide de Bruce Pandolfini, auteur, professeur et entraîneur d'échecs américain réputé.
Une mini-série qui frôle la perfection...
Dans un article du New York Times, Dylan Loeb McClain, expert des échecs qui a couvert cette discipline pendant huit ans pour le magazine, atteste du réalisme exigeant et impressionnant de la mini-série créée par Allan Scott et Scott Frank. L’auteur a été témoin des tournois américains de l’époque qui se déroulaient dans des endroits aussi tristes et lugubres que les premiers tournois disputés par Beth Harmon. Selon Dylan Loeb McClain, les créateurs du Jeu de la dame ont réussi à mettre en scène les moments de tension des tournois et l’extrême rigueur des joueurs d’échecs, qui lisent quantité de livres sur le sujet et qui rejouent des parties dans leurs têtes pour s’entraîner.
Avec l’aide de Bruce Pandolfini mais aussi de l’ancien champion du monde Garry Kasparov, les créateurs de la mini-série ont évité bien des erreurs dans l’écriture et la mise en scène des parties d’échecs telles que la position et le déplacement des pièces ou l’orientation des planches. Mais ce n’est pas tout puisque certaines parties dans Le jeu de la dame sont inspirées de réelles et célèbres parties d’échecs comme un match en Lettonie en 1955, un match joué à l’Opéra de Paris en 1858 ou la partie jouée à Bienne en Suisse en 1993 qui est reproduite pendant le match final disputé entre Beth et le champion russe Vassily Borgov (Marcin Dorocinski) dans le dernier épisode de la mini-série.
...avec quelques erreurs minimes
Malgré les efforts incroyables pour rendre les scènes de parties d’échecs crédibles, quelques détails ont sauté aux yeux de Dylan Loeb McClain, notamment la vitesse à laquelle les joueurs bougent leurs pièces et terminent leurs parties. Dans un match standard, les joueurs ont deux heures pour jouer quarante coups, comme il est parfaitement indiqué dans la série, mais l’expert pointe du doigt le fait que certaines parties soient terminées en quelques minutes et que les joueurs ne prennent pas assez le temps de réfléchir avant de faire bouger la prochaine pièce. Evidemment, les parties sont plus rapides dans la série qu’en temps normal pour éviter d’ennuyer les spectateurs mais il faut bien noter qu’une réelle partie d’échecs prend plus de temps.
L’autre erreur notable que Dylan Loeb McClain relève dans son article dans le New York Times est le bavardage pendant les parties d’échecs. Dans Le jeu de la dame, Beth n’hésite pas à discuter avec ses adversaires très souvent pour les déstabiliser. Pourtant, il est interdit de parler pendant une partie d’échecs lors d’un tournoi. Les joueurs peuvent uniquement s’adresser la parole pour proposer une égalité et ainsi mettre un terme à la partie. Les joutes verbales que se lancent Beth et ses adversaires servent alors dans la série à augmenter la tension dramatique mais aussi accompagner les spectateurs durant la partie.
Malgré ces deux "erreurs", Dylan Loeb McClain considère que Le jeu de la dame est une oeuvre plus que réussie sur l’univers des échecs à travers le parcours d’une championne inspirante avec un jeu agressif et passionnant que l’auteur Walter Tevis a basé sur celui du champion Bobby Fischer, qui,- sacré ironie et beau pied de nez -, était un sacré misogyne face aux joueuses d’échecs de l'époque.