Disponible depuis le 23 octobre sur Netflix, Le jeu de la dame (The Queen's Gambit, en VO), qui narre la jeunesse et l'ascension fulgurante de la prodige des échecs Beth Harmon (Anya Taylor-Joy), a passionné le public et les néophytes du monde des jeux de plateau grâce à un casting incroyable, une mise en scène intense et un scénario brillant. La production de cette mini-série n'a pas été une mince affaire surtout pour préparer et tourner les scènes de jeu d'échecs. Toutes les équipes impliquées ont dû se familiariser avec le jeu d'échecs et ont énormément appris durant le tournage.
Comprendre les échecs
Le personnage de Beth se prend de passion vers 8 ans pour les échecs grâce à Mr Shaibel (Bill Camp), le concierge de l'orphelinat dans lequel elle réside. Il lui apprend à jouer aux échecs dans le sous-sol de l'orphelinat et la jeune fille rejoue des parties pendant la nuit en visualisant un plateau et ses coups sur les damiers du plafond. Ces séquences sont réalisées grâce des effets spéciaux très travaillés selon Arissa Blasingame, la productrice des effets visuels. Elle a confié à Variety que toutes les parties d'échecs, y compris celles imaginées par Beth, était basées sur de vrais mouvements : "Chaque fois que vous voyez les séquences d'échecs au plafond et tout ce qu'il se passe lorsque Beth les déplace mentalement, tout cela est basé sur de vrais mouvements. Nous avons vraiment appris les rudiments du jeu pendant le tournage".
Arissa Blasingame explique qu’ils ont utilisé la numérisation LIDAR, un processus qui permet de capturer des mesures 3D précises des pièces pour les ajouter au plafond. Toutes les pièces que visualisent Beth sont celles de l’orphelinat avec lesquelles elle a appris à jouer car elles sont "un objet de réconfort pour Beth". Le plus grand obstacle pour les équipes a été de gérer l’éclairage en fonction des scènes.
De son côté, Anya Taylor-Joy, qui incarne Beth, a également dû se préparer pour ce rôle. L’actrice a expliqué à Entertainment Weekly qu’elle n’y connaissait rien aux échecs mais qu’elle a appris avec le maître Bruce Pandolfini, celui-là même qui avait relu le roman de Walter Tevis dont est adapté Le jeu de la dame. Cette préparation était importante pour Anya Taylor-Joy même si elle était difficile : "C'était important pour moi de comprendre la théorie. Je ne pouvais pas débarquer en toute conscience et ne pas savoir de quoi je parlais. Mais la réalité du jeu m’a rattrapée, je ne pouvais pas me souvenir de ces séquences sans devenir folle. J'apprenais les matchs cinq minutes avant, j'ai vu ça comme une chorégraphie des doigts".
Qu’elle se rassure, Bruce Pandolfini pense qu’elle s’en est très bien sortie. Le maître d’échecs a confié à Vulture qu’elle était "assez habile dans ce domaine, elle a capté toutes sortes de nuances", tout comme Isla Johnston, qui incarne Beth dans ses plus jeunes années, qu'il qualifie de "prodige". Il a également travaillé en étroite collaboration avec les autres acteurs avant et pendant le tournage pour qu’ils puissent imiter au mieux les maniérismes des professionnels sur des points précis : "la rapidité avec laquelle ils réagissent face à certaines situations, les bonnes hésitations, comment on écrit ses coups sur la feuille, comment on frappe sur le chronomètre ou comment on regarde son adversaire après certains mouvements".
Toutes les parties que l’on voit à l’écran sont donc bien réelles et travaillées afin qu'elles paraissent les plus naturelles possible. Bruce Pandolfini a créé une Bible pour la série qui recense pas moins de 350 parties comme il l'a expliqué à IndieWire : "Beaucoup d'entre eux ont été utilisés hors champ juste pour créer l'ambiance. Il y a donc eu beaucoup de travail à faire, pour donner cette impression que nous étions dans un vrai décor d'échecs. 350 parties, c'est le plus grand nombre de jeu d'échecs vu dans tous les films ou toutes les séries dramatiques. J'ai travaillé sur A la recherche de Bobby Fischer et nous n'en avions eu 'qu'une centaine'".