Premier volet de la trilogie d'Oliver Stone sur la guerre du Vietnam (avec Né un 4 juillet et Entre Ciel et Terre), Platoon fait partie de ces longs métrages cultes qui connaissent une production mouvementée. Ayant lui-même combattu pendant ce conflit, le réalisateur veut, dès la fin de son service à la fin des années 1960, faire un film centré sur ce qu'il a vécu en tant que soldat. Ainsi, lorsqu'il est étudiant avec Martin Scorsese comme professeur, il met en scène "L'Année dernière au Vietnam", qui parle de son expérience de guerre et plus particulièrement de la question du traumatisme.
Oliver Stone écrit le premier jet de Platoon en 1971. Il l'envoie à Jim Morrison, dans l'espoir que ce dernier accepte de jouer le rôle finalement tenu par Charlie Sheen. On raconte que le chanteur a le script avec lui lorsqu'il est découvert mort, à Paris, le 3 juillet 1971... Une vingtaine d'années plus tard, le réalisateur lui rend hommage en lui consacrant un film, The Doors.
Platoon, Croix de fer... Les 10 films de guerre qu'il faut avoir vus dans sa vieUne fois la version brute du scénario de Platoon achevée, en 1976, Oliver Stone tente de trouver un financement. Mais personne ne veut produire son histoire, jugée trop sombre. Ce scénario lui permet toutefois d'être engagé sur Midnight Express, qui lui vaut un Oscar. Son nom devient synonyme de réussite à Hollywood, d'autant plus qu'il enchaîne avec l'écriture de Scarface. Il accepte ensuite de réaliser gratuitement Salvador, porté par un James Woods au sommet de son art, pour pouvoir obtenir les six millions de dollars nécessaires à la production de Platoon.
Oliver Stone envisage de tourner aux Philippines en raison de la présence de forêts tropicales "faciles" d'accès. Le tournage manque de peu d'être annulé à cause d'un coup d’Etat militaire visant à renverser Ferdinand Marcos, mais commence finalement deux jours après le départ de l'homme d'Etat philippin. Pour que le jeu des comédiens soit le plus authentique possible, le réalisateur et son conseiller militaire Dale Dye se comportent de manière tyrannique, tels des officiers dont l'intransigeance ne connaît pas de limites. Un camp d'entraînement est même conçu pour mettre les acteurs en condition.
Spielberg, Kubrick, Nolan... A chaque (grand) réalisateur son film de guerreLors de sa sortie, Platoon rapporte pas loin de 138 millions de dollars dans le monde pour un budget de six millions. Il érige Oliver Stone au rang des cinéastes de renom mêlant qualités esthétiques et propos contestataire pertinent. La réussite du film se trouve également dans son casting, avec cette idée judicieuse d'attribuer le rôle du mauvais soldat à Tom Berenger (habitué à jouer les gentils) et celui du bon à Willem Dafoe (au contraire davantage sollicité pour camper les bad guys). Platoon obtient par ailleurs les Oscars du Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleure son et Meilleur montage.