En 2018, Spielberg réunissait à l’écran une équipe de choc composée de Meryl Streep, Tom Hanks, Sarah Paulson ou encore Bob Odenkirk, pour relater les coulisses des révélations faites par le Washington Post et le New York Times dans les années 70 au sujet de l'implication détaillée des Etats-Unis dans la guerre du Vietnam. C’est ce que l’on a appelé les “Papiers du Pentagone” ou les “Pentagon Papers”.
Robert McNamara, alors au poste de secrétaire à la Défense, demande en 1967 à des officiers et experts militaires de rédiger un document sur leur stratégie durant la guerre du VietNam, qui a débuté en 1955. On y apprend notamment que les Etats-Unis ont menti sur leur implication, en s’engageant bien plus tôt dans les combats et en lançant des actions offensives, avec notamment des bombardements. II faut aussi rappeler qu’à cette époque, le public était réfractaire à l’idée que leur pays se lance dans un nouveau conflit. Kennedy, Johnson, Nixon… En tout, quatre gouvernements successifs ont menti aux citoyens sur la guerre du Vietnam, pendant plus de vingt ans.
L’affaire racontée par Spielberg
Pentagon Papers est raconté du point de vue de la rédactrice en chef Kat Graham (Meryl Streep) et de ses journalistes du Post. Car le film ne raconte pas seulement les coulisses de cette enquête, mais aussi la course aux scoops et la rivalité qui opposait à l’époque le Washington Post et le New York Times. Car c’est bien le journal new-yorkais qui a mis la main en premier sur ces documents sensibles - via le lanceur d’alerte Daniel Ellsberg (un ancien Marine et consultant militaire) - enterrant au fil des semaines le Post.
Mais c’était sans compter sur Ben Bagdikian, l’un des éditeurs du Post. Lorsque ce dernier est contacté par une source anonyme au sujet d’une affaire hautement sensible qui concerne le gouvernement (la guerre du Vietnam donc), Graham et son équipe sont face à un mur : ils peuvent eux aussi lancer une série d’articles sur le sujet et relancer leur journal - malgré les conséquences qui en suivront - ou ne rien faire. Il faut dire que le document est dense (7000 pages), que le temps est compté pour sortir l’information rapidement et que la moindre erreur peut mener à la fin du journal...
Le film de Spielberg met en lumière cette affaire à travers le regard médiatique en expliquant comment le Post et le New York Times se sont lancés dans une bataille pour défendre leur droit de publier la vérité.
Une bataille judiciaire au nom de la liberté
L’affaire des Papiers du Pentagone a eu plusieurs répercussions. Et pas seulement politiques. Côté médias, il y a eu un avant et un après. Lorsque le gouvernement comprend qu’il y a eu une fuite, il saisit la justice pour empêcher la publication de l’intégralité du document. Après une rude bataille judiciaire, la Cour suprême des États-Unis se prononce en faveur du Times et du Post. La censure fédérale est levée, et les médias - quels qu’ils soient - peuvent désormais révéler les manigances du gouvernement. Les journaux, ainsi que la Justice (bien que la Cour soit divisée sur le sujet), se sont en effet basés sur le premier Amendement américain, concernant la liberté d’expression et liberté de la presse. Elle autorise à dévoiler des informations (aussi sensibles soient-elles) permettant au public de comprendre la politique du gouvernement. Une annonce qui tombe à point nommé puisque le scandale du Watergate éclatera quelques années plus tard (que relatera le film Les Hommes du Président avec Dustin Hoffman et Robert Redford).