La diffusion d'Un Si Grand Soleil a repris depuis le 1er juin sur France 2, après une longue interruption liée à la crise sanitaire. Comment avez-vous vécu l'arrêt de la production ?
Marie-Clotide Ramos-Ibañez : J'avoue que ça a été dur, car j'aime tellement mon métier que j'étais très mal de ne pas pouvoir tourner pendant deux mois. Au point d'avoir peur de ne plus savoir jouer ! (rires) Mais un ami réalisateur m'a dit que c'était la même chose que le vélo, quand on sait jouer ça ne s'oublie pas. Tout s'est bien déroulé au moment de la reprise, mais personne ne savait comment les choses allaient évoluer pendant ces deux mois. Nous avons eu la chance de pouvoir reprendre le tournage assez rapidement [le 1er juin, ndlr] avec toutes les conditions sanitaires requises : les masques, la distanciation sociale... Mais c'est vrai que pendant ces deux mois il me tardait de reprendre le tournage très vite. Je sentais bien qu'Un Si Grand Soleil ne pouvait pas s'arrêter, on réunit entre 3 et 4 millions de spectateurs tous les soirs. La véritable angoisse n'était pas de savoir si on allait reprendre, mais quand !
L'aventure Un Si Grand Soleil dure depuis deux ans maintenant, et vous en faites partie depuis le début. Comment avez-vous obtenu le rôle de Sofia ?
A l'époque, mon agent m'avait appelée pour me proposer de passer le casting, et c'était à un moment de ma vie où j'avais envie d'arrêter ce métier. J'en avais marre d'arriver toujours dans les dernières candidates finalistes lors des castings, mais de ne jamais faire l'affaire. J'avais un peu mis de côté ce métier et j'avais commencé à faire du service, parce que j'aime être touche-à-tout, et je faisais aussi du mannequinat à l'époque. Alors quand mon agent m'a proposé le casting, j'y suis allée préparée, mais très détendue. J'ai passé le premier tour, puis le deuxième, et le dernier avec lequel j'ai fait des essais avec Valérie Kaprisky (Jo), qui est devenue ma première meuf, et j'ai été finalement été prise. Quand on m'a appelée, j'étais en plein service, et j'en ai même pleuré tellement j'étais heureuse d'avoir le rôle ! Je n'avais pas baissé les bras, mais j'en étais arrivée à me demander si ce métier était fait pour moi. Je suis plutôt optimiste et assez heureuse dans tout ce que je fais, donc j'ai fait autre chose, et finalement une opportunité est venue à moi. C'est d'autant plus drôle que Sofia travaille dans une paillote, et j'étais dans la restauration à ce moment-là ! (rires) Il y a beaucoup de similitudes entre ce que je suis dans la vraie vie et dans mon personnage.
Sofia est un personnage très généreux et tourné vers les autres, dont on a peu exploré les origines jusqu'à présent. Après des déboires amoureux avec Jo l'an dernier, elle a enfin droit depuis quelques mois à une belle intrigue amoureuse. Quel regard portez-vous sur elle et son parcours ?
On commence à en savoir un peu plus sur elle, mais très peu en effet. Sofia, ça reste une personne qui est très ouverte aux autres, qui aide tout le monde, mais au final peu de gens l'aident à leur tour. Quand elle se fait larguer par Jo, elle est tout seule à pleurer. C'est un personnage entouré de plein de gens, mais très solitaire au final. La nouvelle intrigue avec Elise et leur tentative de faire un bébé est très intéressante, mais on en sait pas beaucoup plus sur qui elle est vraiment. Pour l'instant on ne sait rien de son passé ni de sa famille, et moi non plus d'ailleurs ! A chaque fois que je demande à Toma de Matteis ou à Olivier Szulzynger de m'aiguiller un peu, ils me disent tout le temps : "Tu es un personnage clef, un maillon, mais... ça viendra après !" (rires) Je me suis bien sûr créé une idée de mon personnage dans ma tête, mais je ne sais pas si j'ai raison. On ne sait rien de ce qu'elle a vécu avant, ni de pourquoi elle en est arrivée là. Et même pour le bébé, qui va peut-être arriver - ou pas !, on ne sait pas non plus.
Sofia désire avoir un enfant avec Elise, et toutes les deux envisagent la PMA. C'est un sujet très fort qui s'inscrit dans l'actualité; sentez-vous une responsabilité à le porter dans une fiction, d'autant plus à une heure de grande écoute ?
Complètement. Je me sens entièrement concernée. Ma petite soeur, qui est lesbienne, est en plein processus de PMA. Ca se passe dans ma famille, et je trouve ça génial de pouvoir défendre un personnage comme ça. Je suis ouverte à toutes les critiques que je vais peut-être recevoir, et en vrai je m'en moque un peu, parce que la vie c'est ce qu'il y a de plus précieux, et que ce soit deux hommes ou deux femmes qui conçoivent un bébé, je trouve ça beau.
Sofia et Elise décident de concevoir un enfant autrement
Comment avez-vous réagi à la disparition de Léa, jouée par Marthe Fieschi, dont Sofia était très proche ?
La semaine où Marthe a appris la mort de son personnage elle m'a appelée, ainsi que toutes ses amies proches. Ca a été très dur pour elle, on forme un peu une famille donc c'est très dur quand quelqu'un s'en va. Le personnage de Sofia aussi l'a vécu d'une manière violente : elle perd comme une petite soeur, tout en devant soutenir Virgile, qui est devenu son ex-associé. Ca a dur pour elle de vivre ça, en plus de son histoire avec Elise qui commençait. C'est un peu le bordel dans sa tête mais elle fait comme si de rien, et arrive malgré tout à gérer la situation.
La situation actuelle risque d'apporter son lot de nouvelles responsabilités à Sofia, entre la gestion des Sauvages et une possible future maternité... Tout son quotidien risque d'être chamboulé.
C'est sûr ! On verra si l'enfant est là ou pas, car je ne le sais même pas moi-même pour l'instant. Mais en même temps c'est une bonne chose que tout cela la chamboule un peu. Sofia est forte, donc elle va réussir à surmonter tout ça. Elle a réussi à surmonter la mort de Léa, le départ de Virgile, et ce qui va se passer aussi après, vous allez voir. Et j'aimerais bien, peut-être, que Sofia pète un plomb à un moment. Ce serait génial ! Mais je suis déjà très contente d'avoir cette jolie intrigue dans la longueur, vous allez voir que les choses vont prendre du temps et évoluer entre Sofia et Elise.
Quel est votre souvenir de tournage le plus marquant depuis vos débuts sur le feuilleton ?
Pour moi ça a été la séquence de l'enterrement de Léa, où je devais lire un discours devant tous les copains dans l'assemblée. Ca a été assez émouvant, stressant et en même temps génial à jouer. J'en garde un souvenir très fort, et je me suis rendue compte que je n'étais pas mauvaise dans le registre dramatique. Je me suis dit que je pouvais aussi aller là-dedans, et pas seulement dans le côté léger, drôle et fun de Sofia. J'ai été très heureuse de cette scène, même si je trouve que les meilleurs moments n'ont pas été gardés au montage, mais bon on est jamais contents de ce qu'on a ! C'est un bon souvenir de tournage, et ça fait du bien de voir qu'on peut aller dans des choses pas uniquement légères dans cette série-là. On essaie tous de faire du bon travail en peu de temps, et ça c'est vraiment génial.
Quels sont vos autres projets en marge d'Un Si Grand Soleil ?
J'ai passé un casting pendant le confinement pour un film Netflix, mais finalement je faisais trop jeune pour le rôle ! (rires) Sinon les choses reprennent tout doucement, donc c'est encore un peu compliqué, et j'ai des projets mode en parallèle car je continue à faire du mannequinat. Etant fan de films comme Jurassic Park, j'adorerais jouer dans des films de science-fiction sur fond vert, des films d'action qui bougent beaucoup, ce serait cool !
Propos recueillis le 24 juin 2020