De quoi ça parle ?
Devon Pravesh, jeune interne en médecine fraîchement diplômé, rejoint l'équipe de l'hôpital Chastain Memorial d'Atlanta et découvre sous la supervision du docteur Conrad Hawkins, médecin brillant et arrogant, que la réalité de l'univers médical est bien loin de celle qu’il avait imaginée. Car si Conrad n'hésite pas à contourner et à dénoncer un système parfois injuste, les questions d’argent, de rendement et de prestige passent malheureusement le plus souvent avant le serment d'Hippocrate.
Chaque mercredi à 21h05 sur TF1 à partir du 22 avril (3 épisodes par semaine)
À quoi ça ressemble ?
C'est avec qui ?
Fraîchement échappé de The Good Wife, Matt Czuchry incarne l’anticonformiste Conrad Hawkins. A ses côtés, Emily VanCamp (Revenge, Brothers and Sisters) joue l’infirmière en chef Nicolette Nevin et Manish Dayal (Halt and Catch Fire, 90210), le débutant Devon Pravesh. Le visage du responsable de la chirurgie Randolph Bell campé par le vétéran Bruce Greenwood (L’homme de nulle part) s’expose sur la façade de l’hôpital Chastain (complexe de dieu, oblige). Enfin, Shaunette Renée Wilson (Billions, Black Panther) joue la prodige du scalpel, Mina Okafor.
The Resident est une création de Amy Holden Jones, Hayley Schore, et Roshan Sethi (Black Box, Code Black).
Ça vaut le coup d'oeil ?
Un peu comme les séries policières ou judiciaires, le milieu médical est une vieille tradition du petit écran américain. Parce que l’hôpital est un carrefour où tout peut être traité : le drame (Urgences), les romances (Grey’s Anatomy), la comédie (Scrubs), l’écoulement naturel du temps, la contraction de la vie et de la mort. L’histoire sérielle est peuplée de figures importantes, ancrées dans l’imaginaire collectif, qu’ils soient médecins (Dr Green, Dr House, Dr Grey, Dr Doogie,...), infirmières (Carol Hattaway, Jackie Peyton, Carla Espinosa,...) ou personnels non-soignants (The Janitor de Scrubs, Jerry Markovic dans Urgences). Qui n’a pas tremblé devant les discours du Dr Benton, ri aux facéties de J.D., retenu son souffle aux mystères de House ou s’est apaisé devant Shaun Murphy ?
La série médicale, c’est le lieu des grandes déclarations où il est forcément question d’éthique, de moral, de vocation et surtout de l’humain. Une vision souvent idéalisée, plus rarement idyllique mais toujours gorgée par ce sentiment de noblesse du serment d’Hippocrate. Même House, sous ses airs de bourreau insensible, montrait un médecin conséquentialiste, cherchant à soulager les patients de ses maux, coûte que coûte. Ça, c’était jusqu’à The Resident. Rarement la médecine y sera apparue aussi cynique, froide et pragmatique. Les docteurs sont autant anges gardiens que fossoyeurs, philanthropes qu'égoïstes, nobles que disgracieux. La série rappelle que la santé est un business comme un autre et que les profits sont le maître mot. Il y a d’un côté les bons patients qui rapportent et de l’autre les mauvais qui coûtent cher. Au milieu, les sentiments ont du mal à trouver une place.
Tous pourris au royaume du Chastain Memorial ? Heureusement, non. The Resident parvient à trouver le dosage entre une représentation authentique et ces petites entorses à la réalité pour imprimer romanesque et surtout empathie. Pour un Randolph Bell, monstre de suffisance et bouffé par sa propre starification, il y a un Conrad Hawkins au sens de l’abnégation qui le qualifierait de saint sur l’échelle de Chastain. Et pour une vénale Lane Hunter (Melina Kanakaredes), il y a l’infirmière dévouée Nicolette "Nic" Nevin.
Si la série opère de façon un peu trop systématique une répartition très verticale (les bons en bas de l’échelle ; les mauvais en haut de la hiérarchie), cela lui permet d’apprécier une vision panoptique du fonctionnement d’un hôpital. Comprendre que les profits que réclament les horribles dirigeants servent aussi au bon fonctionnement de la baraque. Bien sûr, on peut s’offusquer qu’un patient soit le sujet d’une négociation entre cliniques, qu’un étage luxueux soit réservé aux clients VIP, ou qu’un test pharmaceutique soit moins dirigé dans l’optique de sauver le monde que celui d’imposer son nom dans l’Histoire. Mais The Resident ramène les romantiques de la médecine les pieds sur terre, eux qui ont été bercés par des années d'Urgences, de Grey’s Anatomy ou de Chicago Hope. Car l'univers impitoyable de cette nouvelle série doit plus à Dallas qu’à The Good Doctor.
Dans un paysage télévisuel qui a remis l’hôpital au centre de la carte (Grey’s Anatomy, New Amsterdam, The Good Doctor), The Resident possède quelque chose de rafraîchissant. Si au rang des reproches, il faut souligner une réalisation heurtée, chaotique et m’as-tu-vu difficilement justifiée, la série s’avère en tout cas être une excellente surprise, maligne, intelligente... et un peu flippante.