18688560DE QUOI ÇA PARLE ?
Un jeune rappeur talentueux, épaulé par ses deux amis d’enfance, se retrouve du jour au lendemain "validé" par une des stars du milieu. Seulement, cette alliance se transforme rapidement en une dangereuse rivalité...
Validé, créée par Franck Gastambide, Charles Van Tieghem et Xavier Lacaille
Disponible en intégralité sur myCanal à partir du 20 mars. 10 épisodes de 26 minutes.
ÇA RESSEMBLE À QUOI ?
C'EST AVEC QUI ?
Clément, alias Apash, est incarné par Hatik, un jeune artiste émergent de la scène rap qui incarne ici son premier rôle à l'écran, à l'instar de ses deux acolytes, William et "Chinois", interprétés par Saïdou Camara et Brahim Bouhlel. Autour d'eux, Franck Gastambide veille au grain dans le rôle de DJ Sno, le producteur tiraillé entre sa loyauté envers le rappeur Mastar, campé par Moussa Mansaly (La Vie Scolaire) et l'étoile Apash qu'il refuse de laisser filer entre ses doigts. Autour d'eux, Sabrina Ouazani (Plan Coeur) joue Inès, une directrice artistique pleine d'assurance, prête à se battre pour défendre ses talents, et Adel Bencherif (La Guerre des Mondes) joue Mounir, un dealer retors voulant empêcher Clément de prendre son envol sans lui. Enfin, Liv del Estal (vue dans H24 sur TF1) incarne une jeune chanteuse pop qui tombe sous le charme de Clément, même si elle peine à comprendre comment son univers fonctionne.
ÇA VAUT LE COUP D’ŒIL ?
En créant Validé, Franck Gastambide (fidèle à la Création Originale Canal+ depuis le programme Kaïra Shopping en 2009) prend un risque : faire une série contemporaine au coeur d'une industrie en évolution constante, souvent décriée mais rarement égalée en termes de popularité. "Alors que le rap est la première musique de France, personne ne s’y était encore attelé", nous confiait-il en décembre dernier.
Dès ses premières minutes, la série nous plonge en pleine session live chez Fred de Skyrock. Le ton est donné : freestyles agressifs, rivalités, guerre de contrats en coulisses... Validé nous montre une industrie qui ne fait de cadeau à personne, où les carrières se font et se défont au gré des clashs entre artistes et de la loi impitoyable des réseaux sociaux. Si certains rebondissements dramatiques sont des allusions directes aux faits d'armes de certains rappeurs (les clashs Booba/Kaaris et Fifty Cent/Ja Rule), la série retrace avant tout l'histoire d'une ascension en accéléré, celle d'un jeune homme plein de talent mais affamé de reconnaissance, et prêt à tout risquer pour percer. Quitte à se mettre à dos les siens et à devoir en assumer les conséquences.
Dans le rôle de Clément/Apash, Hatik, d'une énergie folle, donne tout et crève l'écran. Plus en subtilité, Saïdou Camara, autre révélation de la série, incarne une sorte de Littlefinger des coulisses dans le rôle de William, son manager autoproclamé et cerveau de la bande. Quand à Brahim Bouhlel, son abattage comique fait mouche et il se révèle touchant quand il fait preuve de plus de retenue.
Le rappeur Ninho, Sabrina Ouazani (Inès) et Hatik (Clément)
On pourrait reprocher à la série sa tendance au name-dropping dans les dialogues, faisant souvent allusion à des morceaux précis, à la carrière d'un artiste contemporain, ou à un événement ayant marqué l'actualité du rap en France; autant d'informations pouvant paraître obscures pour les non-initiés. Mais n'est-ce pas la moindre des choses pour amener au public de Canal+ un minimum d'historiographie du rap actuel, trop souvent dénigré par les élites culturelles amatrices du "rap qui était mieux avant" ? Si les anciens sont présents dans la série où ils effectuent des caméos savoureux (de Soprano à Kool Shen en passant par Rim'K et Busta Flex), la nouvelle génération est bien là, et elle truste les charts plus que jamais, devant faire face à une compétition accrue et à une course au buzz permanente dans une industrie ultra-concurentielle et constamment en quête de nouveaux noms.
Cependant, si Validé ne laisse aucun temps mort au fil des dix épisodes et que la réalisation, sobre et limpide, joue parfois avec les codes des clips de rap et les différents supports des applications de smartphone, on regrette une écriture parfois trop elliptique, des facilités dans le profil caricatural de certains personnages; celui de Mounir notamment, ou encore la représentation trop réductrice des personnages féminins secondaires. Mais aussi le manque notable de musique extra-diégétique, en dehors des morceaux créés spécifiquement pour les besoins de l'histoire par Moussa Mansaly (compositeur plus connu sous le nom de Sam's) en collaboration avec des artistes du label Polydor. On aurait aimé une bande-son pleine de trouvailles de la scène rap française à découvrir (à l'instar de la série Atlanta, que Gastambide cite en référence) ou bien entendre les morceaux des rappeurs souvent cités par les personnages ou ceux des nombreux guests qui y font leur apparition.
Sans rien dévoiler de la fin de la série, des plus surprenantes, on espère une saison 2 à la hauteur de ce tour de force d'avoir réussi un Entourage à la française, dans l'air du temps et sans rien enjoliver dans son illustration sans fard du rap game. Non, ce n'est vraiment pas trop bon la vie d'artiste...
