Si HBO avait pu craindre que l’après Game of Thrones allait être difficile, Chernobyl a rappelé que des succès et phénomènes surprises étaient toujours possibles, même dans un paysage sériel surchargé. Aujourd’hui encore, deux mois après la diffusion de son cinquième et dernier épisode (soit une éternité), on continue d’explorer la série et d’en révéler les coulisses. Dans une interview donnée au Hollywood Reporter, le créateur Craig Mazin revient sur la réussite de la série et raconte qu’il a dû couper avec beaucoup de regret une scène particulière :
Il y a une séquence que nous avons dû enlever pour des questions de durée et j’aurai aimé la réintégrer. Dans le deuxième épisode, le personnage d’Emily Watson rencontre un membre officiel du parti soviétique et il lui dit qu’il n’y a aucun problème. Il y avait une scène supplémentaire dans laquelle on le voit au téléphone tenter d’annuler les parades du 1er mai à Minsk à cause de la contamination de l’air et ses supérieurs ne l’autorisent pas. Alors, il ne peut rien faire et se retrouve obligé de parader lui-même.
Une nouvelle illustration de la gestion de l’information par le gouvernement. En effet, la série s’est souvent appliquée à pointer du doigt l’épineuse question du storytelling à une époque où l’on abuse de néologismes comme fake news ou post-vérité. Car Chernobyl n’entend pas crucifier les vilains russes avec de vieux relents de guerre froide mais de raconter quelque chose de plus grand, qui dépasse les frontières et s’adresse à tous les gouvernements.
Mais cette séquence n’avait pas uniquement pour but de souligner le propos de la série mais également de raconter un fait historique : « c’est un chapitre de Tchernobyl qui est absolument véridique. Les villes de Kiev et Minsk ont toutes les deux maintenu les parades du 1er mai où la population, enfant inclus, marchaient dehors sans aucune protection contre la radioactivité qui était répandu dans l’air, seulement 4 jours après la catastrophe » explique Craig Mazin.
On comprend vu la nature et la teneur de la scène pourquoi le showrunner y était attaché. Elle entrait parfaitement dans la logique et le propos de la série, rappelant toute la désinformation dont a pu souffrir la population locale (voire mondiale) à une époque où tout ce qui concernait les centrales nucléaires et la radioactivité était encore très obscur. Mais pour des questions de rythme, il faut parfois faire des sacrifices et la très belle maîtrise narrative de la série associée à sa documentation poussée a probablement donné raison à Craig Mazin.
Découvrez notre podcast consacré à la série :