Mon compte
    Engrenages - Audrey Fleurot : "On a accès à travers cette cette série à des microcosmes où on aurait jamais mis les pieds"

    Rencontre avec les comédiens Audrey Fleurot, Louis-Do de Lencquesaing et Valentin Merlet.

    Canal +

    De l'autre côté des barreaux

    Dans cette saison d'Engrenages, Joséphine Karlsson, la redoutable avocate interprétée par Audrey Fleurot , expérimente le pire cauchemar de tout avocat en se retrouvant de l'autre côté des barreaux. En effet, le personnage de Joséphine n'a pas été épargné au cours des des dernières saisons, après la perte de Pierre Clément (Grégory Fitoussi), le viol et la tentative d'assassinat qu'elle a subis. "C'est un personnage qu'on aime faire un peu morfler" selon l'actrice. "Là ce qui est chouette, c'est qu'elle est dans un milieu où elle n'a pas les codes, où elle n'est pas en position de force, là où d'habitude elle arive à se faire une carapace en enfilant une jupe crayon et des talons pour donner l'impression qu'elle maîtrise totalement la situation. Là elle est en position de faiblesse.Joséphine est une guerrière, mais c'est bien de voir ce moment où elle perd pied, et se raccroche à Edelman pour qu'il la sorte de là." 

    La sensation de vulnérabilité du personnage a été renforcée par les conditions de tournage particulières, au coeur de la prison de Réau à Fontainebleau : "C'est une expérience assez forte, le réalisateur a opté pour une prison moderne assez "clean", bien loin de l'imaginaire misérabiliste des vieilles prisons délabrées. C'est ce qu'on peut faire de "mieux" en matière de prison, mais c'est extrêmement anxiogène", raconte la comédienne. "Même pour ceux qui travaillent là toute la journée, vous êtes incarcérés comme les détenus ! Et puis c'est très compliqué de tourner en prison parce que ça prend un temps fou de faire rentrer toute une équipe technique avec tout le matériel, il faut lister le moindre câble, le moindre pinceau de maquillage... C'est très lourd en termes de logistique, vous perdez une heure pour rentrer à l'intérieur, une heure pour sortir, la pause-déjeuner vous prend la moitié de la journée, il y a des horaires très précis pour pouvoir tourner dans la cour... Et ce qui est assez troublant, c'est qu'on est parmi les détenues. On se retrouve à discuter avec des femmes qui ont tué un certain nombre de gens, puisque c'était des peines lourdes là où on était. C'est déroutant d'avoir une conversation tout à fait normale dans cet environnement. Au bout du couloir, il y avait deux femmes qui étaient avec leurs bébés séparés derrière une grille, elles ont toutes les deux accouché en prison, donc tu te retrouves à avoir des conversations de maman, pour savoir s'ils vont dehors, et bien non ils vivent avec elles. Et lorsque tu demandes aux gens qui travaillent là ce que ces femmes ont fait, ils te disent 'et bien elle, elle a buté deux personnes', et tu te dis 'ah oui donc la fille avec qui je parle depuis une demi-heure est en fait une tueuse en série !' "

    L'équipe a ainsi dû composer avec des fans un peu particuliers : "Engrenages, c'est une série qui est beaucoup regardée en prison. Même quand on passait dans les cours, il y avait tous les mecs qui étaient aux fenêtres qui hurlaient "Maître Karlsson !" Ca m'a étonnée qu'ils soient au courant à ce point. Il y a une vraie curiosité."

    canal

    Des personnages ancrés dans la réalité

    Pour Valentin Merlet, interprète du commissaire Arnaud Beckriche, "L'univers carcécal est un univers un peu mystérieux; ce qu'a du ressentir Audrey, l'oppression, le fait d'être en immersion avec ces gens-là, dans tous les domaines que ce soit la justice ou les flics, une des grandes forces de cette série c'est l'aspect véridique de tout ce qui s'y passe. Quand on va tourner dans les quartiers, dans des endroits qui sont un petit peu chauds, nous dans notre rôle en tant que flics on est confrontés à cette réalité. En tant que comédiens, on va puiser là-dedans et on s'en sert énormément." Audrey Fleurot renchérit : "On a accès à travers cette cette série à des microcosmes où on aurait jamais mis les pieds : je me souviens, il y a quelques saisons on tournait dans un cercle de jeux, c'est assez fascinant en fait. C'est une des chances de notre métier."

    Beckriche, récemment introduit dans l'univers d'Engrenages, est un personnage qui fait les choses dans les règles, en respectant la procédure. Dans la saison 7, il entreprend de se rapprocher de son équipe, alors qu'il était très en conflit avec leurs méthodes dans la saison précédente. Or il va découvrir que ses alliés ne sont pas forcément où il le pense : "il y a un thème qui est très important pour moi dans cette saison, c'est celui de la trahison. Effectivement Le Brion, qui est un peu son mentor et lui a tout appris, en qui il croit avoir une confiance absolue, va se faire rattraper par ses actes et Beckriche va tomber de haut; il va subir la suspicion de son équipe envers lui, notamment Laure qui est la première à se méfier. Par rapport à son côté procédurier, c'est par le travail qu'il va regagner leur confiance."

    Ce travail en immersion dans le réel est facilité par les décors naturels, et un tournage souvent effectué en équipes légères. "Souvent les décors où nous tournons, ce sont des vrais; la vie continue, on ne bloque pas la totalité. Quand on tourne au Palais de justice, le palais de justice continue à vivre, on essaie de se faire le plus petit possible", selon Audrey Fleurot. "Mon bureau dans la série est un véritable bureau d'avocat, on est dans les murs", renchérit Louis-Do de Lencquesaing, qui interprète Maître Edelman.

    On a accès à travers cette cette série à des microcosmes où on aurait jamais mis les pieds

    Avocats, juges, flics, tous s'accordent pour trouver la série ultra-représentative de leur métier. "Le nombre de personnes qui m'ont dit "mais elle existe tellement, Joséphine Karlsson !" note Audrey Fleurot. Engrenages met particulièrement en avant l'aspect retord que peut prendre le métier d'avocat, toujours à la frontière de la moralité. "j'ai fait cinq ans de droit et après un stage dans un cabinet d'avocats, j'ai décidé de ne pas faire ce métier", confesse Louis-Do de Lencquesaing. "C'est trop compliqué ! j'étais face à des situations moralement indéfendables." Son personnage fait justement preuve de plus d'humanité dans cette saison : "Edelman, c'est une partie de moi. J'en ai marre de jouer les cyniques. Les méchants j'en ai joué beaucoup, c'est très amusant, mais à un moment on a envie de plus de légèreté, de profondeur intime." Il souffre également de son rapport complexe à Joséphine : "Il est fragilisé parce qu'il est un peu amoureux, il se fait rejeter tout le temps... Il prend des risques pour la garder et la sauver, c'est en cela qu'il devient sympathique. Il est plus impliqué parce qu'il joue sa peau." Le destin de son personnage demeure en effet incertain à l'issue de la saison 7... De là à ce que les personnages basculent totalement dans la corruption ? "Pour moi ce serait la suite logique", ironise Audrey Fleurot, "parce que Joséphine a exploré tous les rouages de la justice, elle a défendu les gros méchants, la veuve et l'orphelin, en ne croit plus en la justice, elle se retrouve en prison... J'aurai adoré qu'en prison elle se fasse des contacts, et qu'on finisse sur une Joséphine totalement cynique et qui passe complètement de l'autre côté." 

    Retrouvez la saison 7 d'Engrenages sur Canal+, Canal+ décalé et en VOD sur myCanal : 

     

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Sur le même sujet
    Commentaires
    Back to Top