Fruit d'une coproduction entre le studio japonais TMS (Ulysse 31, Cat's Eyes...) et la chaîne de télévision italienne Rai, la série animée Sherlock Holmes (1984) est très souvent citée comme réalisée par Hayao Miyazaki, ce qui n'est pas tout à fait vrai. Revenons donc sur les origines de ce projet au cheminement complexe.
Réalisateur à l'époque d'un premier long métrage remarqué (Le Château de Cagliostro, adapté de la série Lupin III dont il a signé quelques épisodes), Hayao Miyazaki s'attelle alors à ce projet d'adaptation télévisée et anthropomorphique des aventures de Sherlock Holmes. En collaboration avec le chara-designer Marco Pagot, Miyazaki se charge de l'écriture et de la réalisation de la série, avec l’enthousiasme débordant qu'on lui connaît. Mais alors que six épisodes sont terminés, la production de la série est soudainement interrompue.
A l'époque, pour justifier cet arrêt, des problèmes de droits sont évoqués. Mais nous savons désormais que cette interruption n'est pas imputable aux héritiers de Conan Doyle, mais à la chaîne Rai, qui n'a pas fourni toutes les garanties financières pour que le projet puisse être mené jusqu'à son terme. Plusieurs mois de pourparlers sont nécessaires pour trouver une solution, et la production de la série finit par reprendre son cours… mais sans Hayao Miyazaki.
Durant ce hiatus imposé, le cinéaste s'était en effet lancé dans la conception d'un projet plus personnel à ses yeux, le manga Nausicaä, qu'il adapte dans la foulée de sa publication en long métrage (Nausicaä de la vallée du vent, en 1984). Un rendez-vous manqué regrettable, mais également un mal nécessaire, puisque la série sera terminée par un auteur réalisateur (Kyôsuke Mikuriya), tandis que Miyazaki continuera son ascension irrésistible dans le monde de l'animation japonaise en cofondant en 1985 les emblématiques studios Ghibli.
L'intégralité de la série animée Sherlock Holmes, dont les six premiers épisodes sont signés Hayao Miyazaki, est à découvrir dès à présent sur Netflix.