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    Trust sur Canal + : "un Downton Abbey sous acide" selon l’équipe de la série de Danny Boyle

    Alors que Ridley Scott se concentrait sur le kidnapping de J. Paul Getty III dans "Tout l’argent du monde", c’est à toute la dynastie Getty que se consacre plutôt "Trust", une série signée par l’équipe de "Slumdog Millionaire" dès ce soir sur Canal +

    FX Networks

    Le réalisateur Danny Boyle (également producteur délégué ici), le scénariste Simon Beaufoy et le producteur Christian Colson refont équipe neuf ans après Slumdog Millionaire pour la série Trust, un portrait de l’homme le plus riche du monde dans les années 1970 : John Paul Getty. En 1973, pour lui extorquer de l’argent, la mafia calabraise kidnappa son petit-fils de 16 ans.

    Trois mois avant la diffusion de cette émission en dix épisodes sur la chaîne FX aux Etats-Unis, Ridley Scott avait livré sa propre version des faits dans le film Tout l’argent du monde. Mais si le long métrage de cinéma ne s’intéressait qu’à l’enlèvement du jeune homme, la série s’immerge dans le style de vie de la famille d’un multimilliardaire excentrique.

    Comme le souligne le scénariste et créateur de la série Simon Beaufoy : "Par opposition à Tout l’argent du monde, notre série ne parle pas seulement du kidnapping, mais de trois générations d’une famille dont un enfant a été kidnappé. Le kidnapping, dans Trust, n’est qu'un prétexte pour explorer cette dynastie. Je n’ai pas encore vu le film mais je suis prêt à parier qu’il se concentre uniquement sur le kidnapping."

    La dynastie Getty : portrait d’une famille dysfonctionnelle

    Le long métrage de Ridley Scott avait déclenché une polémique, les scènes de John Paul Getty, interprété par Kevin Spacey, ayant été retournées en un temps record pour remplacer l’acteur par Christopher Plummer, le premier comédien étant accusé d’agressions sexuelles. Sur le petit écran, c’est Donald Sutherland qui incarne le vieil entrepreneur polygame.

    "On aurait dit Downton Abbey sous acide : le mec à cinq femmes, des lions chez lui, une cabine téléphonique payante pour ses invités, il expérimente les tout débuts du viagra… Tout ça est très bon pour un scénariste ! Et plus je creusais, plus je me rendais compte que c’était davantage l’histoire d’une famille que celle d’un kidnapping.", précise Simon Beaufoy au sujet de son héros.

    Trust ne cherche donc pas à retracer fidèlement les étapes du kidnapping de John Paul Getty III comme l’a fait Ridley Scott, ni même à comprendre pourquoi son grand-père éprouva tant de difficultés à payer la rançon. Il s’agit davantage d’une plongée dans la vie d’une famille très particulière, pour qui l’argent est une vertu cardinale, tandis que les addictions se multiplient de génération en génération : sexe, alcool et drogues.

    Tisha Gonda/ Fx

    Brendan Fraser, boudé par le cinéma depuis quelques années, retrouve un nouvel élan sur le petit écran. Il incarne James Fletcher Chace, homme de main de John Paul Getty, joué par Mark Wahlberg dans le film de Ridley Scott. Comme le scénariste de la série, Fraser estime qu’il ne s’agit pas de coller parfaitement à la réalité, mais plutôt d’explorer les travers d’une très grande fortune :

    "Ce n’est pas un biopic. Ça n’a jamais été notre projet. C’est une compilation d’idées qui tournent autour du mythe de l’homme le plus riche du monde en 1973, sur le revers de la médaille et sur tout ce qui lui est retombé dessus. Certains de ces éléments ont eu un impact non négligeable sur notre façon de vivre aujourd’hui. Gardez ça dans un coin de votre tête. Au pire, détendez-vous : vous passerez peut-être un bon moment ! (Rires)"

    La télévision : nouvel espace de l’audace

    Derrière la caméra, Boyle, Beaufoy et Colson sont plus connus pour leur travail sur grand écran. Il en va de même pour leurs comédiens principaux, Donald Sutherland et Hilary Swank. Mais c’est avec un plaisir non dissimulé que ces grands noms du Septième Art ont découvert les multiples occasions offertes par un format en dix épisodes d’une heure, Danny Boyle le premier :

    "C’était intéressant de voir à quel point la chaîne FX appréciait l’audace du projet. On pense qu’ils pipeautent et qu’ils se raviseront en cours de route, parce qu’ils sont tous comme ça. Mais, chez FX, ils tiennent parole jusqu’au bout. Cette façon de raconter des histoires sur la longueur a tant de succès en ce moment et l’attente des spectateurs est si vive qu’on peut se permettre un peu d’audace. C’est donc ça qu’on attend de vous."

    Une opinion grandement partagée par Hilary Swank qui a reçu l’Oscar de la meilleure actrice à deux reprises (en 2000 pour Boys Don’t Cry et en 2005 pour Million Dollar Baby). Dans Trust, elle incarne Gail Getty, la mère du jeune homme pris en otage, que Michelle Williams avait jouée pour Ridley Scott.

    "La télévision prend des risques que le cinéma ne prend plus. On ne se préoccupe pas de rentrer dans ses frais de la même façon quand on fait une série. En plus, ce n’est pas de la télévision comme les autres. On parle d’une mini-série en dix épisodes et je ne figure que dans huit d’entre eux, sur la première saison. Personnellement, j’ai eu l’impression de tourner un film un peu long et de pouvoir mieux explorer mon personnage."

    Tisha Gonda/ Fx

    Le scénariste Simon Beaufoy, qui ne s’était jusqu’alors que très brièvement essayé au petit écran avec un épisode de Burn Up en 2008, a aussi confié son enthousiasme : "La beauté de la télévision, par opposition au cinéma, c’est que vous pouvez vous permettre de dévier de la route narrative principale pour emprunter des chemins de traverse. Par exemple, il y a tout un épisode - le huitième - filmé du point de vue des kidnappeurs et tourné en calabrais, un dialecte que plus personne ne comprend, même en Italie."

    Quant à Donald Sutherland, avec plus d’un demi-siècle de carrière et presque 200 longs métrages à son actif, aucune méfiance de sa part envers le monde de la télévision : "C’est la même différence qu’entre une nouvelle et un roman. Je n’ai pas hésité un instant. Surtout avec Danny Boyle. Filmer dix heures avec lui sur une année ! La question ne se pose même pas."

    Trust de Danny Boyle : l'histoire vraie du kidnapping relaté par la série

    Danny Boyle, un nom qui suffit à convaincre

    A l’unanimité, les acteurs de la série Trust plébiscitent le travail de Danny Boyle dont le seul nom a réussi à convaincre Brendan Fraser, reconnaissant d’avoir été choisi : "Si Danny Boyle est derrière le projet, je suis partant. C’est Danny Boyle, quand même ! Ce type est capable de sortir le meilleur de n’importe qui. C’est un accroc à la vie. Son énergie est contagieuse."

    Même si le metteur en scène n’a pas souhaité réaliser tous les épisodes de la série au-delà des trois premiers, son nom apparaît à tous les génériques en qualité de producteur délégué. Certes, le réalisateur de Trainspotting avait déjà supervisé la série Babylon, dont il avait également réalisé le pilote en 2014. Il rappelle également qu’il s’était fait la main sur des épisodes de séries irlandaises avant de passer au cinéma. Quant à son choix de ne pas s’impliquer davantage dans Trust, il le justifie en se dissimulant derrière sa légendaire modestie :

    "Au début du projet, je me disais que je ferais les dix. En pratique, ça n’avait pas de sens. Ça aurait nécessité d’engager les acteurs beaucoup plus longtemps et ça aurait nuit à la qualité de leur travail. Il aurait fallu s’arrêter après les trois premiers épisodes, reprendre la production, retrouver de nouveaux lieux, etc. (...) C’est aussi rafraichissant de s’arrêter au bout de trois pour passer la main à quelqu’un d’autre.  La continuité de la série ne tient pas grâce au réalisateur mais plutôt grâce aux acteurs et leurs personnages une fois établis."

    Tisha Gonda/ Fx

    La rencontre avec Donald Sutherland était sans doute attendue depuis longtemps par Danny Boyle, mordu du travail de Nicolas Roeg. L’acteur tenait le premier rôle d’un de ses plus grands chefs d’œuvre, Ne vous retournez pas, en 1973. Sutherland a d’ailleurs salué l’énergie de Danny Boyle, éternel enthousiaste, toujours à pleinement investi sur le plateau de tournage de Trust, et l’inventivité du scénariste Simon Beaufoy :

    "Danny, c’est un mec brillant. Il n’a pas de siège à son nom sur le plateau parce qu’il ne s’assoit jamais. S’il pouvait bosser 24h sur 24, chaque jour de la semaine, il le ferait. Et Simon Beaufoy aussi est incroyable. Mettez-les ensemble, ils font des miracles. Ils fabriquent des personnages qui s’infiltrent en vous et prennent possession de votre corps."

    C’est aussi l’opinion d’Hilary Swank qui a malheureusement moins profité du talent du cinéaste, son personnage n’apparaissant qu’au bout du troisième épisode : "Danny Boyle est un grand raconteur d’histoires. Il a une telle d’énergie ! Je ne sais pas comment il fait : on dirait un chiot ! Toujours enthousiaste, toujours à votre écoute et si les syndicats le laissaient faire, il bosserait tout le temps. Il fait très attention à tout le monde sur le plateau, il adore le travail en équipe. C’est juste un génie."

    Un univers qui n’a pas fini de dévoiler ses secrets

    La série Trust reviendra probablement pour trois saisons, explorant d’autres époques dans la lignée Getty. Son acteur principal, Donald Sutherland, ne sera malheureusement pas de la partie : "Je ne serai pas dans la saison 2. Elle parlera de la jeunesse de John Paul Getty et je ne vais pas rajeunir. (Rires)".

    Trust, crée par Simon Beaufoy et Danny Boyle, avec Donald Sutherland, Hilary Swank et Brandan Fraser est diffusée sur Canal+.

    Découvrez la bande-annonce du premier épisode de la série Trust

     

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