Après Ex Machina, le surdoué de la SF propose avec Annihilation un univers envoûtant et poétique mais surtout effrayant. L’intrigue énigmatique du film permet néanmoins d’explorer plusieurs thématiques qui offrent au spectateur une multitude de choix quant à son interprétation. La Paramount avait d’ailleurs demandé à Alex Garland de modifier la fin du film, la jugeant trop compliquée. Mais le cinéaste britannique a refusé d’altérer son œuvre et le distributeur nous prive d’une sortie en salles hors USA. Depuis le 12 mars, Annihilation est donc disponible sur la plateforme américaine Netflix.
UNE INVASION ALIEN « NATURELLE »
Dans la zone X, c’est l’extra-terrestre qui a pris le dessus sur cet espace abandonné et dénué de toute civilisation. Assimilée à Mère Nature, cette force alien prend possession de la zone mais la protège aussi grâce au miroitement arc-en-ciel. Elle s’infiltre, comme une maladie, dans les cellules des êtres vivants qu’elle touche, les duplique, les reproduit et les fusionne. L’imagerie de la création et de l’évolution plane sur Annihilation quand on comprend qu’elle ne détruit pas à proprement parler l’humanité, comme le fait remarquer Lena : « Ça ne détruit pas, ça crée quelque chose de nouveau ».
À l’image du miroitement, la force alien qu'elle rencontre dans la grotte est une petite boule d’énergie qui explose comme un mini Big Bang et évolue. Elle rencontre Lena et prend sa forme en imitant ses mouvements pour la comprendre. On ne connaît pas ses réelles motivations mais, contrairement à d’autres films du genre, elle ne semble pas être consciente de ce qu’elle fait. Innocente dans sa démarche, elle se fait même berner à la fin par Lena (Natalie Portman) qui lui laisse une grenade dans les mains pour la faire exploser. Elle a copié l’envie auto-destructrice de Lena et ne pense tout simplement pas à se défendre.
Seule survivante humaine, Lena retourne dans le camp militaire et raconte son histoire. On pourrait croire que c’est la version alien et dupliquée de Lena qui s’en est sortie lorsqu’on voit ses rétines arc-en-ciel. Mais l’extra-terrestre n’aurait pas pu répondre à l’interrogatoire de cette manière s’il avait pris la place de Lena. Et cette dernière ayant été infectée, il est normal que cela soit visible dans ses yeux. Le véritable infiltré est la version dupliquée de Kane (Oscar Isaac), son mari, qui a repris connaissance à la mort de la force alien principale. Les plans sur les verres d’eau ingurgités par Kane et Lena sont des indices probants : dans celui de Kane, il y a du sang alors que celui de Lena paraît normal.