LES CONDITIONS DE NOTRE EXISTENCE ET LA MÉTAPHORE DE L’AUTO-DESTRUCTION

Les réflexions sur les conditions de notre existence sont le thème de prédilection que l’on retrouve dans tous les films du cinéaste britannique. L’univers inquiétant de la zone X prend l’ascendant sur les personnages visuellement mais cela permet en filigrane de questionner le comportement humain et de confronter ses protagonistes à leurs peurs les plus primales. Le peu de relief donné aux personnages permet de se placer, en tant que spectateur impliqué, à leur niveau et d’avancer dans la zone X avec eux. C’est une véritable expérience introspective qui se joue pour nous et pour le groupe de scientifiques.
En métaphorisant cette introspection, Alex Garland fait subir un véritable parcours du combattant aux cinq femmes. Chacune d’entre elles a un passé difficile (alcoolisme, tentatives de suicide, cancer, perte d’un être cher, dépression) et leur traversée de la zone X peut-être assimilée à un chemin de croix lors d’une descente aux enfers. Les femmes sombrent de plus en plus à mesure qu’elles découvrent les parts d’ombre de la zone mais aussi leurs démons intérieurs. Lena est la seule à aller au cœur du problème (ses difficultés de couple) en s’engouffrant dans la grotte du phare pour affronter le noyau dur de l’alien qu’elle arrive à détruire, annulant par la même occasion la part malheureuse d'elle-même.

Les autres scientifiques se font malheureusement rattraper par leurs souffrances. Le docteur Ventress (Jennifer Jason Leigh) est entièrement infectée et détruite par l’invasion alien dû à son cancer incurable, Anya (Gina Rodriguez) cède à la folie meurtrière et perd ses repères comme dans un état alcoolique, Josie (Tessa Thompson) se fond dans le paysage floral symbolisant son mal-être solitaire et ses envies suicidaires tandis que Cass (Tuva Novotny) fusionne avec l’ours atrophié et malade rappelant la leucémie de sa défunte fille.