UNE ADAPTATION PERSONNELLE DU ROMAN
En jouant avec ces thèmes métaphoriques, Alex Garland s’éloigne quelque peu du roman et en propose une interprétation intime inspirée du célèbre Stalker d'Andreï Tarkovski. Lui-même écrivain (La Plage, adapté par la suite par Danny Boyle), le cinéaste britannique connaît l’importance du scénario et des mots pour transmettre une émotion et un message. Comme il l’a évoqué dans une interview pour The Verge, ce qui l’a attiré dans le livre de Jeff VanderMeer c’est « l’atmosphère. C’est ce sentiment de lecture qui est étrange. Il a un aspect onirique très fort. Le lire, c’était être comme dans un rêve, d’une manière étrange ».
À travers l’univers visuel époustouflant, Alex Garland garde en tête le thème de l’auto-destruction « dans un sens littéral : les cellules, comme les étoiles et les plantes, l’univers, ont des cycles de vie et nous aussi. Mais il y a aussi les formes psychologiques de l’auto-destruction ». C’est cette dégradation physique et psychologique qui touche les protagonistes, la faune et la flore mais c’est grâce à cette phase qu’ils peuvent évoluer. Ce paradoxe entre le sublime paysage et ses conséquences néfastes reflète parfaitement le thème d’Annihilation : il y a toujours un peu de beauté dans la laideur et inversement.
Comme pour les films sur lesquels il a travaillé, de Dredd à Ex Machina, en passant par Sunshine ou 28 jours plus tard, Alex Garland laisse une fin ouverte à Annihilation qui permet à chaque spectateur d’avoir ses propres interprétations. Il l’a d’ailleurs rappelé pour The Verge : « Dans une certaine mesure, j’espère que [cette approche] respecte le public. Que cela justifie que nous ne sommes pas obligés de tout apporter sur un plateau d’argent. Cela demande une certaine exigence. Je pense que le spectateur idéal pour ce genre de film est une personne ouverte d’esprit qui n’est pas là juste pour se divertir pendant deux heures. Il y a un processus d’engagement dans les deux sens ».
Et vous, qu’avez-vous compris du film ?