Au premier abord, en découvrant les deux premiers épisodes de Malaterra, les fans de Broadchurch pourraient bien avoir l’impression d’être face à une adaptation bien trop fidèle. Il est vrai que le début de ce remake français est très proche de l’originale, reproduisant certaines scènes quasi à l’identique. Mais une fois le point de départ de l’intrigue posé, on réalise que tout n’est pas pareil et que les scénaristes de Malaterra se sont efforcés d’apporter leur patte, afin de faire de la série une œuvre différente, qui puisse plaire au plus grand nombre, y compris ceux qui ont déjà vu Broadchurch.
Retour sur 7 différences marquantes entre les deux séries…
Malaterra, une enquête corse
Exit les paysages froids du comté de Dorset, dans le sud-ouest de l’Angleterre. Pour Malaterra, le choix de la production et des scénaristes s’est porté sur la Corse, et plus précisément sur la région du Nebbio (en Haute-Corse), où s’est déroulé le tournage au printemps dernier. Paysages entre mer et montagnes, luminosité de la photographie, le cadre offre sans conteste une identité visuelle différente à la série, même si la pertinence de cette "chaleur" par rapport à l’intrigue est moins évidente (là où la grisaille de Broadchurch, elle, faisait immédiatement sens). Peut-être un moyen de renforcer l’effet de communauté, important en Corse et primordial dans l’histoire ?
Un dénouement totalement repensé
Dès la mise en chantier du projet, Shine Films France, qui produit la série, et France 2 l’ont annoncé clairement : la fin de Malaterra serait différente de celle de Broadchurch. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils n’ont pas menti ! Le meurtrier n’est pas le même, mais surtout le mobile et tout ce que cela implique pour les personnages touchés de près ou de loin dévient totalement de la série originale. Impossible d’en dire plus pour le moment, si ce n’est que la notion d’ "origine" a de l’importance.
D’un héros à l’autre, les maux ne sont pas les mêmes
Comme dans la série originale, un voile de mystère pèse sur la vie privée de Thomas Rotman, le capitaine de gendarmerie campé par Simon Abkarian. Mais alors qu’Alec Hardy (David Tennant) souffre de problèmes cardiaques dans Broadchurch, tout ce que l’on peut dire pour le moment, c’est que les scénaristes ont décidé de réserver un sort "différent" à la santé du héros peu chaleureux de Malaterra. Mais ce qui est certain, c’est que plus d’un secret rongent Thomas Rotman.
Exit le mari de l’héroïne
Du côté de l’adjudant-chef Karine Marchetti, deuxième moitié du duo star de Malaterra, pas mal de changements également. L’héroïne incarnée par Constance Dollé est en effet veuve. Le mari d’Ellie Miller (Olivia Colman), l’enquêtrice de Broadchurch, dont l’importance au sein de l’intrigue est primordiale, a donc fait les frais de l’adaptation, probablement pour affirmer, dès le début, que le dénouement serait différent. Karine Marchetti a par contre "gagné" des parents, interprétés par Catherine Hiegel et Yves Afonso, chez qui elle vit, toujours dans le souci d’éloigner le personnage de son "modèle" anglais et de lui créer une identité propre à la version française.
Des personnages représentatifs de la société française
Les héros ne sont pas les seuls à être caractérisés de manière un peu différente dans Malaterra. Certains personnages plus secondaires, mais qui ont néanmoins un rôle non négligeable à jouer dans le déroulement de l’intrigue et de l’enquête, ont en effet également subi des modifications d’une série à l’autre. L’un des exemples les plus flagrants : le pasteur de Broadchurch, Paul Coates (Arthur Darvill) est ici devenu un prêtre, Clément Costil (logique) qui, derrière son manque d’alibi pour la nuit du meurtre, cache un important secret, en lien avec la place des prêtres dans la société française.
Différente jusque dans l’habillage
Comme c’est de plus en plus le cas aujourd’hui (notamment aux États-Unis, mais pas uniquement), Broadchurch, diffusée sur la chaîne anglaise ITV, a fait le choix de ne pas proposer de générique au début de ses épisodes, préférant faire apparaître le titre de la série en incrustation sur l’image, ce qui apporte, une fois de plus, à l’identité visuelle du programme, dont la beauté n’est plus à rappeler. Malaterra, elle, comme beaucoup de séries françaises, a opté pour un bon vieux générique. Après tout, c’est aussi une façon d’éloigner ce remake de la série dont il est adapté. Le générique est classique dans la forme, mais on évite au moins une chanson mièvre en bande-son (c’est déjà ça…).
Plus lente encore que Broadchurch ?
Pas négligeable dans une série comme Malaterra, qui mélange polar et drame humain, opérant une sorte d’autopsie d’une petite communauté, l’ambiance semble presque encore plus pesante que dans Broadchurch. Les silences, notamment au sein du couple Viviani (Louise Monot et Nicolas Duvauchelle) sont légion et parviennent à faire passer de manière encore plus forte les émotions (preuve qu’un trop-plein de dialogues n’est pas toujours une bonne chose). Quant au rythme de la série, il paraît encore plus lent que dans l’original (si, si, c’est possible !). L’enquête prend son temps, et nous laisse par la même occasion le temps de nous attacher aux personnages.
La bande-annonce de Malaterra :