Malaterra. Pour ceux qui y vivent, ce village corse est un havre de paix, un refuge. Jusqu'à ce que survienne la mort d'un enfant. Cette communauté unie où tous pensaient pouvoir se faire confiance va alors peu à peu se lézarder.
Qui a tué le petit Nathan Viviani ? Et pourquoi ?... Le capitaine de gendarmerie Thomas Rotman est un étranger sur l’Ile de Beauté. Il a été muté ici suite à une sanction disciplinaire et c’est à lui que revient la lourde tâche de trouver le coupable. Il est convaincu qu’il se cache parmi les habitants de Malaterra, contrairement à l'adjudant-chef Karine Marchetti, sa collègue sur l’enquête, qui refuse d'imaginer que le mal puisse venir du village où elle a grandi. De cette communauté dont elle a l’illusion de tout savoir.
Dans une atmosphère où chacun est un potentiel suspect, chaque jour qui passe détruit un peu plus l’âme de ce village et la vie de chacun. Et bientôt, trouver au plus vite le coupable semble être le seul moyen de sauver ce qui peut l’être. Quitte à faire éclater la plus sombre des vérités, et avec elle, les secrets les plus enfouis de Malaterra…
Broadchurch, "une série parfaite pour une adaptation"
Après l'échec l'an dernier de Gracepoint, remake américain diffusé sur la Fox, la série britannique Broadchurch a donc droit cette fois-ci, vous l’aurez compris, à son adaptation française avec Malaterra. Un pari risqué pour France 2, et la société de production Shine France Films, quand on sait que Broadchurch a réuni en moyenne 6,4 millions de téléspectateurs lors de la diffusion en février 2014 de sa saison 1 sur l’antenne de cette même chaîne.
Mais ce gros succès n’aurait pas influé sur Malaterra, déjà en développement à ce moment-là. "On s’est posé la question de savoir s’il fallait qu’on modifie encore plus de choses à cause du succès de Broadchurch en France mais on ne voulait pas changer pour changer", confie Nora Melhli, la productrice du remake français. "Alors on a décidé de ne pas se déporter des choix que l’on avait faits. Dans tous les cas, cela restait une série parfaite pour une adaptation, de par l'universalité de son propos".
Malgré tout, que ceux qui ont vu et aimé Broadchurch se rassurent. Même si beaucoup de similitudes persistent (après tout, c'est un remake), Malaterra n'est pas une copie conforme. "On ne voulait surtout pas traduire les scénarios originaux", poursuit Nora Melhli. "La démarche, dès le départ, a été de s’approprier l’histoire, de trouver comment régler sans déséquilibrer". La série parvient donc à se démarquer par certains aspects, et notamment grâce à un changement drastique de cadre (les paysages du comté de Dorset laissent ici place à la chaleur de la Corse) et à une fin qui dévie totalement de l’originale. "Plus encore que l’identité du meurtrier, ce qui surprend c’est le mobile du meurtre", avoue Simon Abkarian, qui campe le capitaine Rotman. On n’en dira pas plus, évidemment.
Malaterra, plus qu'un polar, un drame humain :
"Chaque personnage est le héros de sa propre histoire"
L’un des atouts majeurs de Malaterra est sans conteste son casting. Pour tenter de faire oublier le duo emblématique formé par David Tennant et Olivia Colman, la production a fait appel à Simon Abkarian (Les Beaux mecs, Kaboul Kitchen) et Constance Dollé (Un Village Français, Les Revenants) pour incarner Thomas Rotman et Karine Marchetti, ses deux héros en quête de vérité. Un duo d’enquêteurs que tout oppose (lui taiseux et distant, et elle très (trop ?) impliquée dans cette enquête qui la touche de près) mais qui fonctionne dès le premier épisode, en partie grâce à l’alchimie palpable entre les deux comédiens.
Face à eux, Nicolas Duvauchelle (Braquo) et Louise Monot (La Vie devant nous, La Prophétie d’Avignon) incarnent l’autre duo fort de la série : Pierre et Elisabeth Viviani. Un couple confronté à la perte d’un enfant et qui va se retrouver pris dans une spirale infernale où tout le monde est suspect. Parmi les membres de cette communauté ébranlée par le meurtre du jeune Nathan, Sophie de La Rochefoucauld, Catherine Hiegel, Michaël Gregorio, ou encore Béatrice Dalle, dans la peau de l’acariâtre Suzanne Leroy, campent donc autant de potentiels coupables dans cette série où "chacun a de l’importance à un moment donné, chacun est le héros de sa propre histoire", explique Louise Monot.
Pourquoi Louise Monot et Nicolas Duvauchelle ont dit oui à Malaterra :
La patte Jean-Xavier de Lestrade
Au-delà de la distribution, il fallait qu’en termes d’écriture et de réalisation Malaterra puisse se mesurer à la beauté et à la force de Broadchurch. Comme l’explique Jean-Xavier de Lestrade, réalisateur de quatre des huit épisodes que comprend cette saison (la réalisation des quatre autres ayant été confiée à Laurent Herbiet), "Au départ il y a quand même une qualité de la série originale qui est embarrassante. Il fallait donc trouver une autre manière de raconter cette histoire, avec sa propre originalité, pour avoir l’impression d’être face à quelque chose de différent".
Le réalisateur, à qui l’on doit notamment les documentaires Un Coupable idéal et Soupçons (The Staircase), ainsi que la mini-série 3 X Manon, a donc hésité avant d’accepter, mais avoue s’être finalement reconnu dans des thématiques qui lui sont familières (lui qui se passionne pour la société, ses tabous, ou encore le système judiciaire). Et au final, lors du tournage, ce qui a importé le plus c’est la sincérité du jeu. "Je pense que mon parcours de documentariste, mon rapport au réel, m’ont parfois donné un avantage sur Chris Chibnall (le créateur de Broadchurch), notamment sur la justesse des gestes" avoue Jean-Xavier de Lestrade. "J’ai besoin que les émotions traversent l’écran et me touchent de manière brutale".
Louise Monot et Nicolas Duvauchelle racontent la préparation de leurs rôles :
Un sujet dans l'air du temps ?
Évidemment, même si la série est en développement depuis longtemps, on ne peut occulter le fait que Malaterra arrive à l’antenne après Disparue et Le Mystère du lac, qui racontent également la disparition ou la perte d’un enfant. Pour Nora Melhli, "Cela s’appelle juste l’air du temps. Ce genre d’histoires c’est la tendance du moment. Et la vraie bonne nouvelle c’est que ça cartonne, donc ça place la barre très haut. Il y a une vraie évolution positive de ce que l’on voit sur nos écrans, en France, depuis quelques temps".
Plutôt friand de polars en général, on peut donc penser que le public en veut encore et que le succès sera certainement au rendez-vous pour Malaterra, pour clore en beauté une année de réussites côté séries pour France 2 (Chefs, Les Témoins, Disparue, Dix pour cent). Quant à la possibilité d’une saison 2, même si la production assure que rien n’est encore envisagé, cela dépendra évidemment des audiences. Mais quand on sait que Broadchurch connaîtra bientôt une saison 3, on se dit qu’il reste des histoires à raconter sur cette communauté et que l’exploration des maux de Malaterra n’en est peut-être qu’à ses débuts…
Les comédiens sont-ils partants pour une saison 2 ? :
Malaterra, 8 x 52 minutes, tous les mercredis sur France 2 à 20h55, dès ce mercredi 18 novembre