Installé au volant de son taxi, Jafar Panahi sillonne les rues de Téhéran et dresse un portrait de la société iranienne, au gré de ses rencontres. Equipé d'une caméra (faussement ?) cachée, le réalisateur signe un vrai-faux documentaire, où les frontières entre fiction et réalité s'entremêlent...
Ainsi il n'enfreint pas la loi, lui qui a reçu l'interdiction d'exercer son métier de cinéaste pour "propagande contre le régime"... Il défie la censure, tout au plus. Car Jafar Panahi, qui a remporté l'Ours d'Or au Festival de Berlin en février dernier pour son Taxi Téhéran, a déclaré a un média iranien : "Je suis vraiment heureux pour le cinéma iranien et pour moi, mais ce prix n’a pas de valeur tant que mes compatriotes ne peuvent pas voir mes films".
En lui décernant l'ultime récompense, Darren Aronofsky, qui présidait le jury, a déclaré : "Plutôt que de laisser détruire son esprit et d'abandonner, plutôt que de se laisser envahir par la colère et la frustration, Jafar Panahi a écrit une lettre d'amour au cinéma".
A défaut d'être distribué en Iran, Taxi Téhéran a été vendu dans plus de trente pays, dont la France. Le film sortira chez nous le 15 avril.
Jafar Panahi, cinéaste engagé et multi-récompensé
- Le Ballon Blanc, Caméra d'Or à Cannes en 1995
- Le Miroir, Léopard d'Or au Festival de Locarno en 1997
- Le Cercle, Lion d'Or à Venise en 2000
- Sang et or, Prix du jury Un Certain Regard à en 2003
- Hors Jeu, Ours d'Argent à Berlin en 2006
- Closed Curtain, Ours d'argent - Meilleur scénario à Berlin en 2014
- Taxi Téhéran, Ours d'Or à Berlin en 2015