Le 119 est le numéro national dédié à la prévention et à la protection des enfants en danger ou en risque de l'être : https://www.allo119.gouv.fr/
Le récit qui suit contient des descriptions qui peuvent heurter nos lecteurs les plus sensibles.
Derrière un film poignant se cache souvent une terrible histoire vraie. C’est le cas de Signalements, le film de Eric Métayer (Les chatouilles) diffusé ce mercredi 20 novembre sur France 2.
Inspiré du livre autobiographique de Karine et Laurence Brunet-Jambu, Signalements nous raconte le combat acharné d’une tante prête à tout pour sauver sa nièce de la maltraitance de ses parents.
Malgré les multiples signalements et alertes lancés aux autorités, les fonctionnaires de l’aide sociale à l’enfance et la Justice ont maintenu la fillette dans un environnement familial toxique et brutal. Ce n’est qu’au terme d’années de lutte que Laurence est autant qu’une alerte sur les défaillances de la protection de l’enfance.
La terrible histoire vraie qui a inspiré le film
Karine a vécu l’enfer dès les premières minutes de sa vie. Née en 1997 d’une mère condamnée pour infanticide – elle a tué son premier enfant de 180 coups de couteau – Karine va subir les pires atrocités pendant son enfance. Coups, insultes, privations, menaces de mort répétées… rien ne lui sera épargné.
En 2002, la situation s’aggrave encore. Karine n’a alors que cinq ans lorsque ses parents décident d’héberger chez eux un pédophile qui vient de purger une peine de prison pour pour viols de mineurs, dont sa propre fille. Pendant trois ans, Karine a alors été violée plus de 300 fois sous le toit de ses parents.
Bien qu’ils la surprennent plusieurs fois dans un lit avec son agresseur, les parents de Karine ferment les yeux, se laissant acheter en alcool et en cigarettes. Ils sont même allés jusqu’à menacer leur fille pour qu’elle garde le silence.
Tout au long de ces années, Karine a souvent été retrouvée endormie sur le paillasson devant la porte de son appartement, aperçue à errer seule dans les rues la nuit et a développé, par traumatisme, un comportement hypersexualisé pour son âge.
Enseignants et voisins multiplient les alertes. En vain. Les professionnels de l’enfance fermeront malheureusement les yeux sur le calvaire de cette petite fille. Abandonnée par tous, Karine peut cependant compter sur le soutien de sa tante Laurence qui va mener un combat acharné pour la sauver.
Au total, il aura fallu 14 signalements pour maltraitances et viols avant que Karine soit retirée de sa famille, sans compter les nombreuses années pour qu’elle trouve le courage de parler. Laurence, qui aurait tout donné pour sauver sa nièce, l’a finalement adoptée en 2015, à sa majorité.
Ce n’est qu’en 2018 que le violeur de Karine a quant à lui été condamné à 30 ans de réclusion criminelle pour les viols qu’elle a subis et ceux sur 14 autres victimes. Enfin, les parents de Karine ont été reconnus coupables de subordination de témoin. En conséquence, le père a été condamné à 3 ans de prison tandis que la mère a écopé de 2 ans avec sursis.
En 2021, Karine a fait condamner l’État pour faute lourde et déni de justice.
Signalements dénonce avec force les dysfonctionnements du système de protection de l’enfance et soulève des questions cruciales sur la responsabilité collective face à de telles tragédies. Un combat qui aura finalement duré 20 ans pour Laurence et Karine Brunet-Jambu. Le film sera suivi d’un débat "Comment protéger les enfants en danger ?" présenté par Carole Gaessler, en présence de Karine et Laurence Brunet-Jambu.
Rappelons que le 119, numéro national gratuit et anonyme, est à disposition pour signaler toute violence, qu’elle soit psychologique, physique ou sexuelle, subie par un enfant.