Le 30 décembre 2015, Tangerine sortait dans les salles françaises. Sur deux copies. Un long métrage tourné à l'iPhone, avec une énergie débordante, qui révélait un certain Sean Baker. Qui n'en n'était pas à ses débuts puisqu'il s'agissait là de son cinquième long métrage, mais les quatre précédents étaient inédits chez nous.
Ils ne le seront plus à partir du 23 octobre, date à laquelle Four Letter Words, Take Out, Prince of Broadway et Starlet sortiront sur nos écrans. Une semaine avant son nouvel opus, Anora. Qui, plus encore que les très appréciés The Florida Project et Red Rocket, marque un tournant dans la carrière du chef de file du cinéma indé américain, puisqu'il porte la mention "Palme d'Or du Festival de Cannes 2024".
C'est en effet à cette comédie dramatique sur l'histoire d'amour entre une strip-teaseuse américaine et le fils d'un oligarque russe que Greta Gerwig et son jury ont remis la très convoitée récompense au mois de mai. Un choix pour le moins logique tant le long métrage avait séduit la presse et le public, au sein d'une compétition jugée décevante, par son mélange d'humour, de tendresse et d'énergie.
Autant d'éléments que l'on retrouve dans la bande-annonce dévoilée à deux mois de la sortie du long métrage, qui fera prochainement un détour par le Festival du Cinéma Américain de Deauville, où Sean Baker a ses quartiers depuis Tangerine. Des images qui ne font pas de mystère sur l'une des inspirations du cinéaste, qui aime revisiter les contes à la sauce moderne, en citant ouvertement Cendrillon.
On pense aussi à Pretty Woman, qui s'inspire du même récit. Mais la force d'Anora est de savoir aller au-delà dans une seconde partie sur laquelle il vaut mieux en savoir le moins possible. Réduire cet opus à la comédie romantique de Garry Marshall avec Julia Roberts et Richard Gere ne rendrait donc pas justice aux nombreuses qualités du long métrage. À commencer par Mikey Madison.
Vue dans la série Better Things puis, au cinéma, dans Once Upon a Time... in Hollywood et Scream 5, la comédienne fait plus que crever l'écran : elle l'embrase littéralement et permet au public de découvrir une future star en puissance. La réussite d'Anora tient autant à sa performance, dont la bande-annonce nous offre un bel aperçu, qu'au regard que Sean Baker porte sur elle et son personnage.
Le pacte
Après Starlet, Tangerine et Red Rocket, il poursuit son oeuvre autour des travailleuses et travailleurs du sexe. Sans se répéter et avec cette volonté intacte de mettre en lumière des personnes que le cinéma hollywoodien laisse dans l'ombre. Par amour du goût et de son film, le jury du Festival de Cannes a donc choisi de placer Anora sous les feux des projecteurs et par la même occasion le travail de son metteur en scène Sean Baker.
Si sa bande-annonce euphorisante vous a séduits, vous êtes donc prêts à tomber amoureux d'Anora. Mais il va encore falloir patienter un peu.
