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    Anora arrive au cinéma : sortie, casting, histoire… Tout savoir sur la Palme d'Or 2024 signée Sean Baker
    Maximilien Pierrette
    Boulevard de la mort, Marie-Antoinette, Leto, Paterson ou Mademoiselle côté salles. Bill Murray & Tilda Swinton, Jodie Foster, Park Chan-wook, Eva Green, Joachim Trier ou, récemment, Adam Driver, côté interviews : certaines de ses plus belles séances et rencontres ont eu lieu sur la Croisette.

    Treize ans après "The Tree of Life" de Terrence Malick, Sean Baker est devenu le premier réalisateur américain à remporter la Palme d'Or du Festival de Cannes avec "Anora". Voici ce qu'il faut savoir sur ce film très réussi, qui arrive au cinéma.

    Et la Palme d'Or 2024 est attribuée à… Anora. Par amour du goût et des bons films, Greta Gerwig et son jury ont choisi de remettre la prix suprême au nouveau long métrage de Sean Baker, qui devient aujourd'hui plus que le chef de file de la branche indépendante du cinéma américain.

    Il succède à Justine Triet et son Anatomie d'une chute, et devient le premier lauréat américain depuis The Tree of Life de Terrence Malick. Voici ce qu'il faut savoir sur ce long métrage qui a séduit le jury du Festival de Cannes 2024 grâce à son humour, les émotions qu'il nous fait traverser et sa manière de nous briser le coeur tout autant que nous faire espérer.

    Anora
    Anora
    Sortie : 30 octobre 2024 | 2h 19min
    De Sean Baker
    Avec Mikey Madison, Mark Eydelshteyn, Yura Borisov
    Presse
    4,2
    Spectateurs
    3,9
    Séances (65)

    Date de sortie : quand sort Anora ?

    Une fois n'est pas coutume, vous allez pouvoir fêter Halloween devant la Palme d'Or du Festival de Cannes. Qui n'est pas un film d'horreur mais sort dans nos salles le 30 octobre grâce au Pacte (qui avait déjà distribué Anatomie d'une chute l'an dernier), après un passage par Deauville, en septembre, où Sean Baker a ses habitudes depuis Tangerine, son premier long métrage sortie en France.

    Notez par ailleurs que ses quatre premiers longs métrages (Four Letter Words, Take Out, Prince of Broadway et Starlet), jusqu'ici inédits, sont sortis dans nos salles pour la première fois le 23 octobre.

    Ça parle de quoi ?

    Anora, jeune strip-teaseuse de Brooklyn, se transforme en Cendrillon des temps modernes lorsqu’elle rencontre le fils d’un oligarque russe. Sans réfléchir, elle épouse avec enthousiasme son prince charmant ; mais lorsque la nouvelle parvient en Russie, le conte de fées est vite menacé : les parents du jeune homme partent pour New York avec la ferme intention de faire annuler le mariage...

    Le réalisateur : mais qui est Sean Baker ?

    Aujourd'hui âgé de 53 ans (qu'il ne fait absolument pas), Sean Baker est l'auteur de six longs métrages. Dont seulement trois sont sortis dans nos salles (en attendant Anora) : Tangerine, boule d'énergie tournée à l'iPhone et qui a commencé à attirer sur lui l'attention des cinéphiles hexagonaux ; The Florida Project, qui lui a valu sa première participation à Cannes, à la Quinzaine des Cinéastes ; et Red Rocket, grâce auquel il a fait ses débuts en Compétition en 2021.

    Si Willem Dafoe était dans The Florida Project, Sean Baker évolue dans le cinéma indépendant américain, où il développe ses deux sujets de prédilection : les travailleurs et travailleuses du sexe, et les laissés-pour-compte outre-Atlantique. "Mes films partent de problèmes, de thèmes, de lieux que je veux couvrir", nous avait-il dit, déjà à Cannes, en 2021. "Et je travaille aussi en réaction à ce que je ne vois pas assez au cinéma et à la télévision aux États-Unis."

    Je travaille en réaction à ce que je ne vois pas assez au cinéma et à la télévision aux États-Unis.

    Déplaçant sa caméra dans un nouvel état à chaque film qu'il dirige, Sean Baker a ainsi mis en scène des prostituées transsexuelles (Tangerine), un acteur porno sur le déclin (Red Rocket) ou une strip-teaseuse (Anora).

    Sans jamais juger ses personnages, très bien écrits, en travaillant autour des notions de sexualité et de regard masculin (ou "male gaze") et en dressant des ponts entre ses différents opus, qui se déroulent dans un même univers. Soyons donc attentifs quand vous verrez Anora, car un clin-d'œil à Red Rocket s'y cache de façon plus ou moins évidente.

    Admirateur de Francis Ford Coppola et David Cronenberg, opposés à lui dans la Compétition cannoise en 2024, Sean Baker est devenu le le dernier lauréat en date de la Palme d'Or. Remise par George Lucas, réalisateur qui a réussi à rester indépendant pendant toute sa carrière. Comme un symbole ?

    Casting : qui joue dans Anora ?

    Un de ces jours, il faudra se pencher sur le casting de Once Upon a Time… in Hollywood. Où l'on croisait notamment Austin Butler, Margaret Qualley (en Compétition cette année avec Kinds of Kindness et The Substance), Sydney Sweeney, Maya Hawke ou encore Mikey Madison.

    C'est d'ailleurs là que Sean Baker a repéré la comédienne à la chevelure d'un noir de jais, avant de lui proposer le rôle principal d'Anora dans les jours qui ont suivi la sortie du cinquième Scream. "C'est la première fois que je n'ai pas eu à passer d'audition", nous dit la principale intéressée à Cannes, 24 heures après la projection officielle au cours de laquelle elle a enflammé la Croisette.

    Sean Baker & Mikey Madison JACOVIDES-MOREAU / BESTIMAGE
    Sean Baker & Mikey Madison

    "Je suis embêté car je ne pourrai plus tourner avec vu qu'elle coûtera trop cher maintenant qu'Anora va la faire décoller", nous dit ensuite Sean Baker à propos de l'une des révélations majeures de ce Festival de Cannes.

    Face à elle, le public a découvert l'acteur russe Mark Eydelshteyn, sorte de croisement entre Vincent Lacoste et Timothée Chalamet, dont l'énergie maladroite a suscité bon nombre d'éclats de rire pendant la première partie du film.

    Enfin, s'il est reparti bredouille de Cannes en 2021, Sean Baker y a découvert l'un des acteurs de son film suivant : Yuriy Borisov, russe lui aussi, qui était à l'affiche de Compartiment N°6, Grand Prix il y a trois ans. Et qu'il a décidé d'engager.

    Pourquoi c'est une belle Palme d'Or ?

    En tout honnêteté et malgré son immense cote d'amour, beaucoup de spectateurs qui l'avaient découvert à Cannes (l'auteur de ses lignes inclus) ne l'imaginaient pas aller aussi haut dans un palmarès où il aurait été scandaleux de ne pas le voir du tout.

    Mais il a bien fallu se rendre à l'évidence : il s'agissait de l'un des rares films à avoir su mettre tout le monde d'accord, au sein d'une sélection jugée décevante par rapport aux promesses nées au moment de l'annonce de la sélection. Dès les premières secondes, Anora a abattu l'un de ses cartes majeures, à savoir son côté euphorisant, qui restera pendant plus de deux heures, même quand le récit deviendra plus dramatique.

    Le pacte

    Les nombreux éclats de rire suscités par l'histoire de cette strip-teaseuse (et l'apparition de "All the Things She Said" de t.A.T.u. dans la BO) n'ont ensuite fait que chauffer un peu plus une salle qui n'attendait que le générique de fin pour lui offrir le triomphe qu'il méritait. Lui et son actrice principale, qui fait plus que crever l'écran : elle le réduit en confettis et y met le feu.

    Présente dans toutes les scènes, et notamment cette folle séquence centrale sur laquelle nous en dirons le moins possible, la comédienne n'a pas froid aux yeux. Et elle porte sur ses épaules ce Pretty Woman 2.0 qui s'affranchit vite de son modèle pour s'inscrire pleinement dans le cinéma de son auteur, qui aime également s'emparer des codes des contes pour déconstruire le rêve américain.

    Drôle, énergique (parfois trop), mélancolique, Anora fait passer le public par diverses émotions mais parvient à fédérer grâce à sa cohérence et son cœur qui bat fort. Et il est réjouissant de voir que Greta Gerwig et son jury se sont laissés séduire par personnage féminin aussi fort.

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