Vous êtes à la fin des années 80. Les films de science-fiction se multiplient sur les écrans de cinéma du monde entier, et vous voulez surfer sur la vague. Sauf que vous êtes réalisateur en Italie, à une époque où le cinéma d'exploitation dit "bis" connaît un vrai recul et n'intéresse plus grand-monde. Que faire alors de votre idée d'un film qui se déroulerait sur une île habitée par une créature extraterrestre ?
La réponse : le faire quand même ! Et c'est sans doute ainsi qu'est né Alien, la créature des abysses, mélange pas du tout subtil et fauché d'Alien.
Comme ce film qui se croyait aussi bon que Conan le barbare : on peut dire que non !
N'est pas James Cameron qui veut
Le film met en scène Jane, journaliste, venue sur une île du Pacifique pour enquêter sur une usine d'essais atomiques éliminant ses déchets nucléaires en les jetant dans un volcan. Pendant qu'elle s'introduit discrètement dans l'usine, son caméraman est capturé par l'équipe de surveillance et une créature réveillée par le déversement des déchets sort du volcan avec l'intention de ne pas laisser un seul survivant.
Le réalisateur Antonio Margheriti - sous son pseudonyme habituel d'Anthony M. Dawson - utilise des maquettes misérables, quelques images piquées à d'autres films, et son scénario n'a aucun sens. Il joue la montre pour remplir 1h30 de ce qui sera vendu comme un film Alien et ainsi, devrait rapporter quelques dollars.
Un final au bulldozer
Le grand final d'Alien, la créature des abysses essaye sans moyen de reproduire certaines scènes du final d'Aliens, en copiant la petite tenue de Ripley du premier film. Comme le film n'a pas d'exosquelette, il se rabat sur un bulldozer (c'est jaune aussi) et ajoute un lance-flammes (aussi présent dans Aliens) pour donner un sens épique, en vain.
Les amateurs de cinéma bis reconnaîtront Luciano Pigozzi, vu dans nombre de films des années 60 à 80 dont beaucoup signés Antonio Margheriti, mais aussi Roberto Dell'Acqua, et, bien plus connu, Charles Napier, notamment vu dans Rambo II, Les Blues Brothers, Le Silence des Agneaux ou Philadelphia.
Assez ironiquement, le titre international du film est Alien from the Deep, un titre très proche du Aliens of the Deep de James Cameron (2005), consacré à une série d'expéditions étudiant les sources des grands fonds marins. Mais il est très probable que Cameron n'ait jamais entendu parler du film de Margheriti.