Se déroulant dans un cabinet d'avocats noirs à Chicago, la série juridique The Good Fight est arrivée sur le petit écran juste après l'élection de Donald Trump. La série s'ouvre d'ailleurs sur l'état de sidération de son héroïne Diane Lockhart – jouée par la divine Christine Baranski – le soir des résultats.
Peu de séries ont ancré leurs prémices aussi profondément dans l'opposition à la présidence de Trump que The Good Fight. Après que sa fortune a été engloutie par un système de Ponzi, Diane trouve rapidement un nouvel élan dans le droit et décide d'en faire un vecteur de justice, d'où le générique d'ouverture qui présente les accessoires de son ancienne existence – sacs à main de luxe, bouteilles de vin et téléphones de conférence et, plus récemment, des images de l'ancien président – qui explosent au ralenti.
Tout au long de ses six saisons, The Good Fight a prouvé être la seule série capable de souligner avec un humour et une justesse inouïs le caractère surréaliste de la présidence Trump et les conséquences qui en découlent après son départ de la Maison-Blanche. Un exploit que les scénaristes Robert et Michelle King semblaient savourer, par exemple, en introduisant un personnage évoquant fortement Roy Cohn (joué par Michael Sheen), un avocat connu pour avoir mené la chasse aux sorcières de McCarthy bien qu'étant lui-même homosexuel ou en adressant directement l'affaire du "Pissgate" du président.
Mais The Good Fight a aussi su se montrer étonnamment introspective, remettant toujours en question les limites du féminisme de Diane, forgé à l'aune de sa seule expérience, en particulier sur un lieu de travail majoritairement noir. Un thème qui est devenu proéminent pendant les années Trump, lorsque les femmes noires, trans et autres appartenant à des groupes minoritaires ont vu leurs droits les plus fondamentaux être menacés et pour certains, tout simplement abolis.
Bien qu'étant une indéfectible alliée des personnes menacées par la présidence Trump, Diane a dû à plus d'une reprise questionner ses propres privilèges. Et ce, toujours avec finesse et sans côté moralisateur. La complexité et l'intelligence de la série s'exprime aussi au travers du mariage de Diane et Kurt (Gary Cole) qui fait partie des Républicains conservateurs. Leur histoire d'amour a été l'une des plus belles illustrées à la télévision ces dernières années.
The Good Fight est la dernière série en date à avoir regardé l'Amérique droit dans les yeux. Soulignant tous ses défauts, toutes ses lacunes, mais sans jamais perdre l'espoir d'y voir émerger une société plus juste et harmonieuse. Une très bonne série en somme.
Vous avez jusqu'au 5 juillet pour voir The Good Fight sur Prime Video.