Arte diffuse ce soir le 19ème long métrage réalisé par Roman Polanski, le thriller d'espionnage The Ghost Writer, porté par Ewan McGregor. Mais saviez-vous qu'en pleine post-production, le cinéaste avait été arrêté et avait dû terminer le film sous les verrous ?
Le 27 septembre 2009, Roman Polanski se rend à Zurich en Suisse pour assister au Festival du film. Il est à ce moment en plein travail de montage sur The Ghost Writer, l'histoire d'un "écrivain - nègre" engagé pour terminer les mémoires d'un ancien Premier ministre britannique et découvrant que le précédent écrivain engagé est décédé dans de mystérieuses circonstances.
A sa descente de l'avion à Zurich, Polanski est soudainement placé en détention. Cette arrestation du cinéaste, qui est sous l'effet d'un mandat international américain, est permise via un traité d'extradition jadis passé entre la Suisse et les Etats-Unis.
Pourquoi est-il arrêté ?
Accusé de viol sur une mineure de 13 ans en 1977, Polanski a été condamné à l'époque à 90 jours de prison, et relâché après 42 jours pour bonne conduite. Le juge a alors décidé que la punition n'avait pas été assez sévère. C'est en réaction à ce revirement que le cinéaste a fui la justice des Etats-Unis pour s'installer en France, pays qui a toujours refusé son extradition.
Deux versions s'affrontent alors. Dans le documentaire Wanted and Desired, il est expliqué que Polanski a fui une nouvelle décision de justice pour éviter un abus d'autorité du juge alors en charge du dossier. Une autre version affirme que le cinéaste aurait fui une sentence bien plus sévère.
Quoi qu'il en soit, lorsqu'il est arrêté en septembre 2009, le réalisateur franco-polonais est mis en prison durant deux mois, pendant lesquels il continue de travailler avec son monteur, basé à Paris. Le 4 décembre, après avoir payé 4,5 millions de francs suisses (soit environ la même somme en euros), il est libéré mais reste assigné à résidence en attendant de savoir s'il va être envoyé aux Etats-Unis pour y être jugé.
Terminer le film à tout prix
Et durant toute cette période, il termine The Ghost Writer. Au micro d'Abus de ciné, le producteur du film Robert Benmusa raconte :
Quand [Roman Polanski] a été arrêté fin septembre, le film était donc presque fini. Et malgré son incarcération, il a continué à travailler au travers de courriers et paquets, puis depuis son chalet... Il a réussi à mettre les dernières retouches pour obtenir la copie finale.
Cité par Le Parisien, le producteur détaille : "Roman n'était pas soumis au secret. Des gens pouvaient lui rendre visite en prison. On lui a fait parvenir des DVD du film qu'il a pu regarder sur ordinateur. Il les a analysés méticuleusement, puis il a envoyé des notes à Hervé de Luze afin de l'aider dans le montage. Ces échanges se sont multipliés durant deux mois."
Le 3 mars 2010, alors que son réalisateur est toujours assigné à résidence, The Ghost Writer sort en France et rassemble 1 million de spectateurs. Dans le monde, il récolte 60 millions de dollars pour un budget de 45. Roman Polanski remporte l'Ours d'argent du Meilleur réalisateur au Festival de Berlin et 4 César, dont celui de Meilleur réalisateur.
Le 12 juillet 2010, il est totalement libéré lorsque la Suisse refuse de l'extrader vers les Etats-Unis.